6600 élèves supplémentaires cette année : la croissance des écoles indépendantes se poursuit, et même l’Education nationale le dit :)

La hausse de l’école privée « hors contrat » se poursuit

Les statisticiens du ministère de l’éducation ont recensé 4 700 élèves de moins dans les écoles privées sous contrat avec l’Etat, mais 6 600 de plus dans le secteur dit « hors contrat ».

Par Mattea Battaglia Publié le 16 novembre 2018 – Temps de lecture 2 min.

Dans une école Montessori à Saint-Pierre-de-Frugie (Dordogne), en septembre 2016.

Dans une école Montessori à Saint-Pierre-de-Frugie (Dordogne), en septembre 2016. PASCAL LACHENAUD / AFP

C’est un pan du secteur éducatif qui se prête facilement aux polémiques. Le privé « hors contrat » est une galaxie hétéroclite d’un gros millier d’établissements dans laquelle bon nombre d’acteurs de l’école voient une « niche surmédiatisée » au regard du nombre d’élèves accueillis ; ses partisans, eux, défendent le caractère constitutionnel du « libre choix d’école » sur lequel, disent-ils, la « suspicion » est entretenue et « l’opprobre public » alimenté.

Pour mémoire, le Parlement a adopté, en mars 2018, par un vote conforme de l’Assemblée, une proposition de loi centriste renforçant l’encadrement de ces établissements libres de leur recrutement, de leurs programmes et de leur pédagogie – proposition de loi soutenue par le gouvernement comme un outil contre « l’embrigadement »islamiste.

Evolutions démographiques

Les nouveaux chiffres publiés, mercredi 14 novembre, par le ministère de l’éducation nationale sont de nature à relancer le débat. « La hausse des effectifs observée dans le privé, portée par le hors contrat, se poursuit », écrit la DEPP, le service statistique ministériel. Ses analystes font d’ailleurs de cette évolution – avec les dédoublements de classes en CP et CE1 et le retour en grâce du redoublement – l’une des trois « caractéristiques » de cette rentrée.

Alors que, du fait des évolutions démographiques, le nombre total d’écoliers marque le pas – 6,75 millions d’élèves comptabilisés en septembre (public et privé confondus), soit 33 000 de moins (− 0,5 %) qu’en 2017 –, la DEPP s’étend sur l’évolution « très dynamique » du privé hors contrat. Une évolution qui explique, à elle seule, la hausse des effectifs mesurée dans le privé : on a en effet recensé 4 700 élèves de moins dans les écoles sous contrat avec l’Etat, mais 6 600 de plus dans le « hors contrat ».

La nuance s’impose : globalement, la hausse des effectifs du privé (sous contrat et hors contrat confondus) n’atteint que 0,2 %, soit 1 900 élèves de plus d’une rentrée à l’autre. Reste qu’à l’exception de la tranche d’âge des 2-3 ans, les effectifs comptabilisés progressent à tous les niveaux : l’effectif des 5 ans croît ainsi de 0,3 % dans le privé alors qu’il baisse de 1,3 % dans le public. Pour les CE1 (les 7-8 ans), la hausse enregistrée est de même grandeur, alors qu’à l’école publique, cette génération diminue de 1,6 %.

« Meilleur recensement »

La tendance haussière du « hors contrat », très variable d’une académie à l’autre, est perceptible depuis 2010, précise la DEPP, qui note une accélération lors des quatre dernières années scolaires : + 15,9 % entre 2014 et 2015, + 18,3 % entre 2015 et 2016, + 15,3 % entre 2016 et 2017 et + 16,8 % entre 2017 et 2018. « Probablement que l’augmentation des effectifs mesurée dans ce secteur, longtemps en dehors des radars, est en partie liée à un meilleur recensement, tempère Fabienne Rosenwald, directrice du service statistique ministériel. Depuis cinq à six ans, on se tourne vers chaque établissement pour connaître le nombre d’inscrits. S’ils progressent, ils demeurent marginaux, avec 46 000 élèves accueillis. »

Politiquement, le sujet est sensible. D’un quinquennat à l’autre, l’objectif est resté peu ou prou le même : accroître le contrôle sur le « hors contrat » pour prévenir, affirme-t-on rue de Grenelle, autant les écueils pédagogiques que les dérives religieuses. Les ouvertures d’écoles dites alternatives (Montessori, Steiner, « démocratiques », bilingues…) demeurent bien plus nombreuses, rappelle la Fondation pour l’école, qui promeut ce modèle d’écoles, que les inaugurations d’établissements confessionnels.

Le retour du redoublement ?

C’est un possible changement de tendance. La photographie de la rentrée 2018 livrée, le 14 novembre, par les statisticiens du ministère de l’éducation, laisse apparaître un recours renouvelé au redoublement. Les taux « historiquement bas » à l’école élémentaire relevés jusqu’à l’an dernier (1, 1 % de redoublements au CP, entre 0,2 % et 0,7 % du CE1 au CM2) sont en hausse au cycle 2 – soit au CP, au CE1 et au CE2, avec respectivement + 0,8 point, + 0,9 point et + 0,7 point mesurés. C’est moins perceptible mais néanmoins aussi le cas en CM1 et CM2. La note consacrée aux effectifs du second degré, publiée à la même date, relève également une augmentation des redoublements en 2nde et 1ère générale et technologique. Dans la foulée de son installation rue de Grenelle, Jean-Michel Blanquer avait affirmé vouloir « autoriser à nouveau » le redoublement, rendu exceptionnel sous la gauche (en cas de rupture des apprentissages et avec l’accord des familles exclusivement), mais « dans des cas qui doivent rester rares ». Un décret a été publié en ce sens en février 2018.