Mais il est loin d’être le seul à chercher – et à trouver – des solutions originales pour favoriser la création d’écoles ou de classes qui répondent à la demande fort légitime des parents : pour eux, une bonne école, tout simplement, est une école proche de chez eux, qui dispense un enseignement de qualité, en étant respectueuse des besoins des enfants. Petit tour d’horizon.
Certains maires s’impliquent dans la création d’écoles hors contrat
Sans les subventionner, ils encouragent leurs créateurs. Citons ainsi le jeune maire de Saverdun en Ariège, M. Philippe Callega, qui a soutenu bien volontiers la naissance de l’école hors contrat catholique créée sous l’impulsion du curé de la paroisse locale, le père de Sentenac. Il s’en explique lors d’une interview présentant l’école Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus. Il en est de même du maire de Wasquehal (59), qui a favorablement accueilli la création de l’école du Blanc-Mesnil par Mme Françoise Candelier, institutrice expérimentée issue de l’école publique. La Fondation pour l’école est de plus en plus sollicitée par des maires de banlieues difficiles, en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne notamment, pour faciliter la mise en place d’écoles indépendantes sur leur territoire.
Les évêques soutiennent les écoles hors contrat catholiques
Dans son livre, La Charité du Christ nous presse (Artège), Monseigneur Aillet, évêque de Bayonne, accepte et encourage le développement d’écoles hors contrat et catholiques, la catholicité ne résidant évidemment pas dans le contrat passé entre l’école et le rectorat, mais bien dans la catholicité des porteurs de projets et de l’enseignement.
Le Secrétaire général de l’enseignement catholique, M. Eric de la Barre, adopte une approche décomplexée du hors contrat
Il en rappelle la légitimité. Les parents, les religieux ou la société civile au sens large ont le droit de créer des écoles. C’est d’ailleurs ainsi que la très grande majorité des écoles publiques ou privées sont nées. Le hors contrat n’est pas la forme actuellement privilégiée par l’Enseignement catholique qui demeure attaché au subventionnement public de ses écoles. En revanche, la légitimité, à titre complémentaire, du hors contrat n’est plus contestée, même si quelques directeurs diocésains demeurent perplexes devant les initiatives de la société civile, peut-être parce qu’ils ont une approche trop technocratique des enjeux éducatifs actuels. Pourtant, tout le monde sait aujourd’hui que le renouveau de l’école – qu’elle soit catholique ou publique – ne pourra venir que de la base, à savoir des établissements, non de la hiérarchie. D’où la revendication de plus en plus partagée de davantage d’autonomie de gestion des établissements (cf. les récentes déclarations du ministre de l’Agriculture, M. Bruno Le Maire par exemple).
Des classes hors contrat sont créées par des établissements catholiques sous contrat rattachés au réseau de l’Enseignement catholique
Cette réalité n’est pas nouvelle en soi : citons l’exemple de Notre-Dame-de-Sion à Paris (VIe) qui avait créé, il y a quelques années, une 6ème hors contrat pour faire face à la demande des familles, ou bien encore l’établissement Notre-Dame, à Bourg-la-Reine (92), dont la classe était financée par les parents par le biais du Chèque emploi service ! Ce qui est nouveau en revanche, c’est que l’Enseignement catholique communique désormais avec transparence sur cette réalité. S’il crée des classes hors contrat, c’est parce que l’Education nationale l’y contraint, avec sa politique de suppression de postes subventionnés. A Béthune, à Calais, à Arques, à Saint-Omer, à Caen ou encore à Segonzac, des établissements sous contrat avec l’État ont ouvert au sein de leurs locaux une classe hors contrat. Dans le département du Nord, ce sont ainsi cinq établissements privés catholiques qui ont reçu l’aval de la direction diocésaine afin de créer des classes hors contrat.
Des écoles sous contrat qui passent hors contrat
Cette transformation permet de sauver l’école de la fermeture et d’assurer la continuité du service aux familles. C’est par exemple le cas de l’école de la Providence de Baure (Clermont, Landes) sous contrat depuis les années 1960, qui a perdu son contrat en 2005 par la maternelle et en 2008 pour le primaire suite à des effectifs jugés insuffisants par l’Éducation nationale mais qui s’est maintenue comme école hors contrat, en restant dans le giron de l’Enseignement catholique.
L’utilité publique des écoles indépendantes est de plus en plus reconnue en France
La vieille lecture idéologique opposant les thuriféraires de l’école publique unique aux tenants de l’école libre n’intéresse plus grand monde. Comme l’explique le Docteur Edwige Antier, députée de Paris, lorsqu’il s’agit de redonner le goût de l’école aux nombreux enfants en souffrance ou en échec dans les établissements ordinaires, il faut bien reconnaître que le hors-contrat rend de signalés services ! Une vraie mission d’intérêt général. Et c’est d’ailleurs pour cela que la Fondation pour l’école a le statut de fondation reconnue d’utilité publique, statut qui implique une création par décret du Premier ministre après avis du ministère de l’Éducation nationale et du Conseil d’État.
Des professeurs ou des directeurs du public créent des écoles privées hors contrat
C’est un phénomène nouveau qui doit nous interpeller. Quitter la sécurité de l’emploi, le cadre rodé de l’Éducation nationale, pour se lancer dans l’aventure totale qu’est la fondation d’une école associative, ce n’est pas rien. On peut citer notamment le cas de Mme Françoise Candelier : après plus de vingt ans d’enseignement à l’Éducation nationale, elle a créé sa propre école, l’école du Blanc-Mesnil à Wasquehal (59). Elle y travaille dans le même esprit de service et d’accueil de tous, mais avec la liberté et la cohérence qui lui ont toujours manqué à l’Éducation nationale.
Il en résulte un fort développement des écoles indépendantes en France
A la rentrée 2011, entre 20 et 25 écoles indépendantes ont ouvert leurs portes. Elles sont statutairement hors contrat et ne reçoivent aucune aide publique, ni des communes, ni de l’Etat. Elles reposent entièrement sur la volonté courageuse de ceux qui l’on créée, généralement des professeurs et des parents d’élèves. Vingt à vingt-cinq ouvertures d’école par an en France, dans de telles conditions, alors qu’on enregistre partout des fermetures d’écoles sous contrat ou publiques, c’est bel et bien significatif.
Les statistiques complètes et actuelles des écoles indépendantes en France ont été rendues publiques par l’association Créer son école et la Fondation pour l’école à l’occasion de la publication récente de l’Annuaire des écoles indépendantes 2011. On y voit notamment qu’il y a beaucoup d’écoles non confessionnelles, contrairement aux idées reçues.