Dans l’Ardèche, un groupe de parents a transformé l’école catholique sous contrat du village en une école indépendante hors contrat. Avec un coup de pouce financier bienvenu de la municipalité et la bienveillance de tous, l’avenir de l’école est maintenant assuré. Pour en savoir plus, un reportage du quotidien régional Le Progrès du 16 novembre 2011.
“Saint-André-en-Vivarais. Par manque d’élèves, l’établissement aurait dû fermer définitivement ses portes en juillet. C’était sans compter sur la mobilisation des parents d’élèves, de l’institutrice et de la municipalité, qui ont créé une classe indépendante pour accueillir les enfants.
“Aux confins de l’Ardèche et de la Haute-Loire, le petit village de Saint-André-en-Vivarais joue les irréductibles. L’an dernier, seuls neuf élèves animaient les bancs de l’école privée. Un manque d’effectif criant qui a poussé la direction de l’enseignement diocésain d’Ardèche a annoncé la fermeture de l’établissement pour la rentrée 2011… alors que celui-ci avait été rénové deux ans plus tôt.
“Dans cette commune de 232 âmes, le coup a été rude pour les villageois. Et principalement pour les cinq familles qui scolarisent leurs enfants surla commune. D’autant que sans école, les bambins devaient s’inscrire soit à Saint-Agrève (16 km), soit à Tence (13 km). Des déplacements délicats, principalement l’hiver, en raison des importantes chutes de neige.
“Avec Emilie Bos, l’institutrice, les parents ont très vite choisi de prendre les choses en main. En fin d’année scolaire, ils créent l’Association de gestion de l’école de Saint-André-en-Vivarais. Le but : permettre l’ouverture d’une école hors contrat pour septembre.
“Une mission accomplie grâce à l’aide de la municipalité qui a débloqué une subvention de 30 000 euros pour prendre en charge les salaires de l’institutrice et de l’aide maternelle. Une somme importante pour la petite commune, « sans que nous ayons eu à toucher aux impôts », souligne Charles Fouvet, le maire, qui a préféré rogner sur le budget de certaines animations, plutôt que de voir l’éducation quitter son village.
“L’association des parents s’engage, quant à elle, à régler les charges de fonctionnement (chauffage, électricité…), évaluées à 5 000 euros par an.
“Deux mois après la rentrée, un premier bilan s’impose. Si l’effectif reste inchangé (une classe unique de neuf élèves âgés de 2 à 10 ans), l’école revit… en autogestion. Concrètement, rien n’a changé pour les enfants : « Ils ne se sont pas aperçus du changement. Le programme n’a pas changé. La seule chose, c’est que l’on n’a plus de compte à rendre à l’inspection académique. Nous sommes tenus de respecter les nouvelles lois et on peut être inspecté sur les règles de sécurité. Mais c’est tout », explique Émilie Bos, 23 ans, institutrice-directrice de l’école, mais pas encore titulaire de son poste.
“Côté apprentissage, les parents ont mis un point d’honneur à continuer les traditionnelles sorties à la bibliothèque et à la piscine, malgré les coûts importants. Des cours de musique sont aussi au programme, comme avant. « Nous n’aurions pas fait ça si les enfants avaient été plus âgés. Mais quatre sont encore en CP. Donc on sait qu’on a encore cinq ans devant nous », souligne Sylvia Gire, la présidente de l’association de gestion. Si l’expérience d’autogestion est pour l’instant une réussite, les comptes seront faits en juin 2012 pour savoir si cette école hors contrat a un avenir. « Pour l’instant, on attend. On ne sait jamais, si des enfants arrivent, on pourra peut-être rouvrir une école publique ou privée. Mais elle ne sera plus catholique. Beaucoup de parents d’élèves se sont sentis trahis et abandonnés. Ils gardent une certaine rancune contre le diocèse », conclut Sylvia Gire.
« Une association qui démarre sans argent, c’est délicat. Du coup, je leur fais les repas presque au prix coûtant. Et puis j’ai demandé aux familles qui possédaient un jardin de ne pas donner leur surplus de légumes aux lapins. Mais plutôt de me les apporter pour la cantine », lance Marie-Christine Cavaleri, la gérante du Relais Saint-André, le seul troquet de la commune.
“Récemment arrivée sur la commune, elle s’est très vite sentie concernée par le projet de création de l’école Et si elle n’est pas obligée de respecter les règles du « manger équilibré », elle s’y emploie au mieux. Chaque matin de la semaine, à dix heures, Marie-Christine enfile son costume de cantinière. Elle prépare les plats qui sont ensuite apportés à l’école, à quelques mètres de là. Un surplus de travail pour elle, mais un geste indispensable pour l’association des parents, afin de rogner au maximum sur les coûts. « Auparavant, il n’y avait pas de cantine dans l’établissement. Certains enfants apportaient leurs casse-croûte, d’autres rentraient chez eux pour manger à midi. Cette nouveauté a permis de faire revenir deux enfants au sein de l’établissement », explique Sylvia Gire.”
Xavier Alloy
Source : Le Progrès, 16 novembre 2011