Concrètement, quel est le menu type d’un repas d’hiver ?
Les menus changent tous les jours et dépendent à la fois des produits de saison et de la créativité du “chef” qui les cuisine, dans le respect de l’équilibre alimentaire et des besoins nutritionnels des enfants. Ils pourront, par exemple, déguster de la salade de betteraves, suivie d’une omelette, de purée de patate douce, avec chou-fleur et épinards, avec, pour le dessert, de la compote de pommes. 100 % bio.
100 % délicieux ?
Il faut le demander aux enfants, que nous interrogeons à la fin du repas. Chaque plat est évalué, de manière à adapter les menus et à éviter le gâchis. S’il faut un peu de temps pour que les enfants apprécient vraiment les légumes les plus variés, toute l’équipe de l’école se régale. Plus personne ne déjeune à l’extérieur !
L’éducation du goût est l’une des facettes de votre projet pédagogique. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Notre projet pédagogique englobe une réflexion globale sur l’agriculture biologique, la gestion des ressources halieutiques, la biodiversité, le commerce équitable, le refus du gaspillage, bref, sur l’impact de notre mode de vie sur notre planète… Pour les enfants, ce ne sont pas de lointaines théories, puisque l’écocitoyenneté fait entièrement partie du programme scolaire de notre école. Chaque année, les enfants conduisent des projets de développement durable ou de solidarité internationale : lutter contre la faim dans le monde, planter des arbres, sauver des espèces en voie de disparition… Qu’il s’agisse de santé ou d’environnement, les bonnes habitudes se prennent tôt : les deux-tiers des produits consommés par les enfants le seront encore à l’âge adulte.
Rompre avec la malbouffe, est-ce financièrement coûteux ?
Le projet « Nos cantines pour la planète » n’aurait pas vu le jour sans les conseils et l’expertise – à titre gracieux – d’une maman dont la société promeut le développement durable. Elisabeth Laville s’est investie quand sa fille est entrée à l’école Montessori Kids, une autre école indépendante partenaire du projet ; elle nous a aidés à établir un cahier des charges.
« Nos cantines pour la planète » regroupe plusieurs écoles d’Île-de-France, 7 aujourd’hui, soit 310 repas/jour, ce qui a permis de passer un marché intéressant avec un traiteur, tout en gardant la maîtrise du projet. Bien sûr, nous respectons toutes les normes d’hygiène (liaison froide, etc.) et notre traiteur n’hésite pas à nous faire ses recommandations.
Le repas livré coûte 4,10 € TTC. Il faut ajouter le pain bio, mais surtout les salaires des deux dames de service et des animateurs chargés de la surveillance. Le total revient à 7 € par repas, sans aucun bénéfice pour l’école, puisque nous facturons le prix coûtant aux familles. C’est un choix fait en concertation avec elles.
Les repas bio, c’est seulement à l’école ?
Pas du tout ! Cette année, des parents et une partie de l’équipe éducative se retrouvent pour prolonger l’expérience : 30 familles sont en train de monter une AMAP – une association pour le maintien d’une agriculture paysanne – avec un producteur de l’Oise.
Pensez-vous que ce modèle développé par et pour des écoles indépendantes puisse s’exporter vers d’autres écoles ?
Bien sûr. Il faut seulement veiller à se regrouper de manière responsable, sans chercher à « avoir les yeux plus gros que le ventre » ! Créer une synergie entre des producteurs locaux et des consommateurs éclairés et responsables, c’est déjà faire le choix de la qualité. Il est clair que la liberté, la petite taille, la gestion au plus près des besoins des enfants et des attentes des parents ne servent pas uniquement à choisir les méthodes scolaires et les programmes. Cela sert aussi à rompre avec la « malbouffe » et à faire le choix de la qualité alimentaire pour nos enfants. Les écoles indépendantes sont libres et responsables sur tous les fronts, y compris celui de l’écologie.