Pourquoi avoir créé ce lycée ?
En étant en relation quotidienne avec de nombreux lycéens à PREPA CLIMAX, la classe prépa 100% Sciences Po que j’ai créée en 2010 et qui est devenue en quelques années la prépa Sciences Po de référence, j’ai pu constater l’insatisfaction grandissante des élèves vis-à-vis de leur lycée, qui ne répondait pas pleinement à leurs attentes et à leurs ambitions. C’est en souhaitant apporter des réponses plus pertinentes à ces questions fondamentales que j’ai décidé de créer le LYCEE CLIMAX. Notre nouvel établissement entend rappeler l’importance de ces trois années d’études secondaires. Le lycée ne doit plus constituer une fin de parcours matérialisée par l’obtention d’un diplôme erronément considéré comme conclusif, mais bien au contraire être appréhendé comme le moment le plus important de la scolarité d’un élève. Il s’agit en effet d’une étape décisive qui se situe entre le collège, période durant laquelle de bons résultats ont pu être obtenus sans beaucoup de travail et sans une réelle motivation quant à la construction de son avenir, et les études supérieures dont le succès dépend souvent des années qui les ont précédées et qui vont amener, dans des conditions dès lors plus ou moins idéales, l’étudiant sur le marché du travail. C’est donc lors de ces années lycéennes que se joue le devenir scolaire et professionnel des jeunes. C’est pourquoi il convient d’accorder au lycée et aux lycéens l’attention la plus extrême.
Quelles sont vos particularités ?
A partir de septembre 2015, le LYCEE CLIMAX permettra aux lycéens qui ont de grandes ambitions scolaires de se retrouver dans le meilleur environnement scolaire pour travailler, pour progresser, pour se responsabiliser, également pour prendre le plaisir nécessaire à un tel travail quotidien. Pour cela, nous avons fait des choix d’excellence uniques à même d’assurer la brillante réussite des élèves motivés :
* Un corps professoral composé uniquement de diplômés de Grandes Ecoles, d’agrégés, de docteurs, qui préparent non seulement les élèves à parfaitement réussir leurs études secondaires mais les aident également à envisager sérieusement et sereinement leurs études supérieures ;
* La mise en application par tous ces professeurs d’une même méthode de travail scolaire – la Méthode CLIMAX©. Celle-ci donne à l’élève un sens à son travail, lui fait comprendre les objectifs à atteindre et les critères de réalisation à maitriser, lui accorde un droit à l’erreur, lui demande d’être aussi exigeant que passionné, aussi ambitieux que rigoureux, entouré de ses professeurs avec lesquels il construit une forte relation pédagogique, le responsabilisant et l’autonomisant à terme dans son travail – ambitieux programme éloigné des méthodes scolaires actuelles de l’Education nationale ayant démontré leurs limites et leur inefficacité ;
* Des classes à effectifs volontairement limités (une quinzaine d’élève par classe) et particulièrement homogènes dans le désir commun des élèves de viser l’excellence ;
* L’aide à l’orientation continûment présente au cours du cursus, de la Seconde à APB, par le biais d’un cabinet d’orientation spécialisé afin que chaque élève puisse avoir à sa disposition un interlocuteur professionnel et impliqué lui permettant de faire les meilleurs choix d’orientation pré et post-baccalauréat ;
* Des partenariats signés avec plusieurs Ecoles post-bac de qualité afin de disposer des meilleures chances d’intégrer des formations supérieures attractives ;
* Un rapprochement réel avec le monde du travail avec, entre autres, des rencontres avec des professionnels et une aide apportée à l’obtention d’emplois saisonniers formateurs ;
* Une importance fondamentale accordée à l’apprentissage des langues, à la préparation d’examens internationaux et aux possibilités de séjours linguistiques d’excellence ;
* Un retour aux sources consistant à se réapproprier la langue française, à l’écrit et à l’oral ;
* Une attention portée à la compréhension du monde dans lequel nous vivons au travers de cours obligatoires et de conférences.
Ainsi, plus que la seule réussite, certes indispensable, au baccalauréat, et les mentions Bien et Très Bien que nous visons pour la très grande majorité de nos lycéens, nous souhaitons surtout redonner aux élèves du LYCEE CLIMAX la confiance, à tous les niveaux : en eux, en leurs professeurs, en leur établissement scolaire, en leur méthode de travail, en leurs valeurs, en leurs progrès, en leur épanouissement, en leur avenir.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la méthode CLIMAX ?
Avec la Méthode CLIMAX©, il s’agit de concevoir l’apprentissage et la progression scolaires des lycéens en trois étapes, toutes indispensables et nécessairement liées entre elles.
La première étape consiste à permettre au lycéen, avec l’aide de l’enseignant, d’appréhender au plus près et de s’approprier consciemment le travail à réaliser. Cela signifie, tout d’abord, que le lycéen doit donner un sens à ce travail. Pour cela, l’enseignant fournit à l’élève les raisons expliquant l’intérêt et l’utilité de la tâche à accomplir. Trop de travaux scolaires sont réalisés sans que l’élève comprenne à quoi cela sert, pourquoi il le fait. C’est le meilleur moyen de déconnecter l’élève de son travail, de le rendre passif et sans valeur ajoutée personnelle. Il faut, au contraire, faire en sorte que le lycéen soit en éveil permanent et en action consciente vis-à-vis d’un travail qu’il doit parvenir à saisir personnellement.
Dans le même temps, et toujours avant la réalisation du travail à proprement parler, l’élève doit être capable, grâce à ses professeurs, de cerner l’objectif (ou les objectifs) à atteindre dans le cadre de la tâche à accomplir. Si ce travail a un sens, c’est aussi de manière prospective, eu égard à un but à réaliser. L’élève se sent ainsi non seulement concerné (par le sens donné à son action) mais également motivé (par la finalité attribuée à son travail).
Enfin, avant d’entreprendre son travail scolaire, l’élève doit parfaitement discerner les critères lui permettant à terme d’atteindre cet objectif. C’est probablement ici que l’utilité du professeur est la plus manifeste, en ce sens qu’il doit faire part au lycéen des exigences propres à satisfaire ce travail précis. Sans cela, ce dernier ne disposera pas des moyens d’agir de façon appropriée pour que son action réponde à un objectif fixé dans le cadre d’une action dont il perçoit le sens. Dans cette première phase, en trois temps, qui précède donc l’action, l’élève s’approprie l’objet sur lequel il va dorénavant pouvoir agir de façon pertinente et efficace.
La deuxième étape a trait à l’action elle-même, qui doit être d’une grande qualité grâce au travail effectué précédemment et par l’action conjointe de l’élève et de l’enseignant. Pour ce faire, il faut que cet apprentissage soit continu, permanent. L’élève apprendra mieux s’il envisage son travail dans la durée, de façon pérenne, à l’instar d’un parcours avec une trajectoire à suivre et des perspectives à tracer. Sur ce chemin se trouvent des étapes, parfois des obstacles.
C’est le cas par exemple, dans le domaine scolaire, avec les contrôles. A ceux-ci doit être accordée l’importance qu’ils méritent, à savoir des moments clés dont il ne faut pas négliger l’utilité pour mieux cerner, à une date imposée, ses forces et ses faiblesses, ainsi que ses capacités à satisfaire les exigences propres à ce moment, mais qui ne doivent plus être considérés comme des finalités absolues en soi, des dates couperets qui distingueraient de façon définitive ceux qui savent (et qui auront peut-être tout oublié le lendemain…) et ceux qui ne savent pas (et qui donc ne sauront jamais…). Les contrôles fréquents (à distinguer évidemment des véritables épreuves décisives comme celles du baccalauréat) doivent plutôt participer de la remédiation permanente permettant à l’élève de percevoir au plus près son réel niveau, l’état de sa progression, et aux enseignants de pouvoir conseiller personnellement l’élève pour qu’il progresse efficacement. Le professeur adapte également son enseignement eu égard aux corrections qu’il a réalisées et aux conseils qu’il a donnés à ses élèves dans le cadre de ces contrôles. Si le professeur doit impérativement fait montre d’une forte exigence dans sa correction, s’il ne doit aucunement tomber dans la moindre facilité ou démagogie dans ses commentaires, il doit tout autant envisager ces contrôles dans une perspective d’apprentissage en cours, comme une étape d’un chemin que l’élève n’a pas fini de parcourir. Il s’agit alors, pour l’enseignant, de montrer à celui-ci où il se situe précisément sur cette route et lui fournir les indications lui permettant de continuer à le parcourir dans la bonne direction, sans s’en détourner.
Le discours du professeur vis-à-vis de l’élève doit donc être à la fois exigeant et encourageant, responsabilisant et stimulant, honnête et bienveillant. Il permet l’instauration d’un dialogue continu entre deux acteurs qui doivent comprendre que rien ne pourra se faire sans l’autre. Un professeur « parfait » ne sera d’aucune utilité face à un élève passif. Un élève actif se sentira seul face à un professeur soliloquant. C’est la métaphore de l’échelle (klimax en grec). Le professeur choisit la bonne échelle, la positionne au bon endroit, la tient si fermement qu’elle ne vacille pas mais c’est à l’élève, par son travail, par ses efforts, par son ambition, de gravir les barreaux de l’échelle et d’atteindre le climax, ce point culminant synonyme, pour lui, d’accomplissement et de réussite. Une forte implication conjointe entre le professeur et l’élève constitue ainsi la relation pédagogique la plus roborative et la plus efficace. Pour cela, l’élève doit être particulièrement investi dans son travail et ambitieux dans ses capacités de réalisation. Le professeur doit, quant à lui, être à la fois extrêmement exigeant et parfaitement humain.
L’interactivité se trouve donc au centre de cette relation pédagogique, avec une participation active de l’élève. Celui-ci doit oser prendre la parole et proposer. Le professeur doit l’écouter, prendre en considération son propos, lui reconnaitre également un droit à l’erreur formative. Ce droit, excluant toute attitude cherchant volontairement à prononcer des inepties afin de perturber un enseignement, est un moyen utile de valoriser la prise de parole de l’élève, sa tentative, pas toujours heureuse sur le moment, de répondre à une question, de soulever des hypothèses, de chercher à résoudre un problème, d’être, en somme, un réel acteur de sa future réussite, autant que de celle de sa classe. Et tant pis s’il se trompe parfois alors qu’il pensait bien faire ! Il s’agit d’en finir avec ce principe éducatif, très ancré en France, consistant à stigmatiser celui qui a essayé mais qui s’est involontairement trompé. Les questionnements, les interrogations, les essais, les tâtonnements sont pourtant indispensables à la fois à l’accomplissement de l’élève et à la recherche collective d’une réponse convaincante.
La troisième étape concerne les conséquences heureuses des deux premières, et permet à l’élève de grandir intellectuellement à un triple niveau.
Tout d’abord, par le plaisir réel et continu qu’il prend à travailler ainsi. Non seulement l’élève sait pourquoi il travaille, où il va, comment il y va, mais il construit également sa propre route avec l’aide de son professeur pour parvenir à atteindre un but, source de motivation et d’enthousiasme. Il prend ainsi plaisir à découvrir, à mieux connaitre, à mieux comprendre, à progresser, même à se tromper et à recommencer, à participer, à trouver des solutions, à se montrer fier de ses progrès et de ses résultats. Le travail scolaire n’est ainsi pas vu comme une contrainte, une obligation, voire une souffrance, mais comme la source d’un véritable épanouissement personnel et collectif.
Autre conséquence positive : l’élève, en appliquant ainsi la Méthode CLIMAX©, se responsabilise, s’autonomise de façon permanente et sans s’en rendre totalement compte. Car l’objectif d’une telle pratique pédagogique n’est certainement pas de faire subir à l’élève un apprentissage purement descendant, de le maintenir dans un état d’infériorité permanente vis-à-vis d’un maitre sachant définitivement tout, attitude qui l’empêcherait de disposer des armes intellectuelles nécessaires à son autonomisation. Au contraire, petit à petit, à son rythme, avec l’aide de son professeur bienveillant, l’élève doit disposer des outils intellectuels et pratiques lui permettant de donner seul un sens à son travail, de cerner seul les objectifs à atteindre, les critères d’évaluation à remplir, de trouver seul les réponses à ses propres questions, d’avoir la distance nécessaire sur la qualité de son travail personnel, in fine de s’autoévaluer. En un mot, il doit démontrer une responsabilité nouvelle par une autonomie fièrement conquise.
Ce qui à terme, lui permettra – objectif ultime de son travail et de la Méthode CLIMAX© – de surpasser son professeur. L’élève dépassant le maître doit être une finalité assumée dès le départ aussi bien par le premier que par le second. Le professeur doit donc se fixer cet objectif s’il cherche à pleinement exercer son noble métier. Sa plus belle réussite demain consistera à apprendre quelque chose de celui qui hier était son élève. De l’avoir fait grandir intellectuellement, de l’avoir responsabilisé moralement, sera son couronnement.
Comment, à partir de votre exemple, proposer un nouveau modèle répliquable en France ?
Ce modèle peut parfaitement être reproduit ailleurs, en France ainsi que dans le monde, pour un investissement d’ailleurs moins élevé que le coût annuel moyen d’un lycéen en France, soit plus de 11 000 €, payés par divers impôts, taxes et autres charges crédités au budget du ministère de l’Education nationale. Outre par la méthode pédagogique et les particularités pratiques évoquées précédemment et pouvant être reproduites par tous ceux qui se retrouvent dans ce schéma et qui veulent réellement s’impliquer dans son application, ce modèle trouve sa cohérence et sa cohésion dans la défense et la mise en pratique quotidienne de valeurs auxquelles il est irrémédiablement attaché. Tout d’abord, les valeurs qui sont fondamentales pour grandir, mûrir et assumer ses choix : la liberté et la responsabilité, tant pour notre établissement et son personnel que pour les élèves qui y sont accueillis. Ensuite celles qui sont parfois présentées comme désuètes et qui sont pourtant si essentielles dans le monde actuel : le travail, la rigueur, l’exigence. Celles qui sont hélas bien peu françaises et sont chaque jour un peu plus abandonnées par l’Education nationale : l’ambition et la recherche de l’excellence. Celles qui dépassent le simple cadre scolaire : le respect et la civilité. Enfin, celles sans lesquelles toutes les autres ne seraient que des contraintes : la motivation, l’enthousiasme et le plaisir. Autant de valeurs structurantes d’un modèle qui ne demande qu’à essaimer pour la plus grande utilité et le plus grand plaisir scolaires et humains des lycéens.