Apprentissage autonome et informel : quand les élèves sont aux manettes

Capture d’écran 2015-04-29 à 16.19.29En septembre prochain ouvrira, à Paris, l’Ecole Dynamique, une école indépendante qui souhaite donner une place importance aux initiatives des élèves. A quoi cela va-t-il ressembler ? Eléments de réponses avec Ramin Farhangi, à l’initiative du projet.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer votre école ?

Ramin Farhangi : Cela fait un an que je mène des recherches intensément, le nez dans des dizaines de bouquins sur l’éducation, et en expérimentant des choses dans ma propre classe (Maths et Physique). J’ai découvert à travers ce parcours qu’on complique trop les choses à vouloir transmettre un contenu et des compétences spécifiques à chaque âge. C’est trop artificiel et inefficace. J’ai découvert que les jeunes n’ont pas besoin d’enseignants, mais de personnes qui s’intéressent à ce qui les intéresse, pour parcourir un chemin d’apprentissage qui leur correspond individuellement.

Le temps est venu pour cette idée, comme le préconisent les experts WISE, de parcours d’apprentissages individualisés à 100% et facilités par des guides, c’est à dire l’abandon des programmes et de l’enseignement.

Présentez-nous votre projet. Que cherchez-vous à offrir aux parents et aux élèves que le service public n’offre pas ?

Ramin Farhangi : Il existe une merveilleuse “non-école” aux Etats-Unis qui s’appelle Sudbury-Valley, où ce sont les jeunes qui impulsent ce qu’on y fait, et le staff les encourage à aller plus loin dans ce qu’ils essaient déjà d’accomplir par eux-mêmes. En fait, ils étendent tout simplement jusqu’à 19 ans ce qu’on fait déjà avec les petits jusqu’à 4 ans: l’apprentissage autonome et informel. Effectivement, pourquoi changer une équipe qui gagne? Ils ont essayé cela depuis 1968, et ça marche tellement bien qu’il y a à présent 42 écoles dans le monde qui opèrent de cette manière.

Il existe par ailleurs des centaines d’écoles dans le monde, depuis Summerhill (fondée en 1921) où les enfants sont libres de faire ce qu’ils souhaitent de leur journée. Les adultes qui sont passé par ces parcours sortent avec une aptitude forte à la prise d’initiative et la responsabilité sur sa propre vie.

Quelles difficultés rencontrez-vous dans le lancement de votre projet ?

Ramin Farhangi : Pour l’instant, ma principale difficulté est de trouver des locaux aux normes disponibles à Paris. Pour tous les autres fronts, ça progresse merveilleusement bien : j’ai des fonds, des promesses de bénévolat, des familles intéressées

Avez-vous rencontré des associations ou des personnes qui vous aident ?

Ramin Farhangi : Plusieurs dizaines personnes avec des compétences diverses (éducation, gestion…) et une dizaine d’associations partenaire nous aidant à promouvoir notre projet (ex: Printemps de l’Education) ou nous offre des ressources matérielles et humaines (ex: CRI, école 42).

Comment expliquez-vous le succès que rencontrent ces nouvelles écoles indépendantes ?

Ramin Farhangi : Il me semble que de plus en plus, à l’ère du numérique, l’obsolescence du système conventionnel devient une évidence pour beaucoup. Nous sommes aussi à une ère où beaucoup pensent que le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas. On cherche alors des alternatives de type Montessori et on ouvre des écoles confessionnelles. Cela me paraît être une réaction naturelle au contexte actuel. J’espère que des “non-écoles” qui facilitent l’apprentissage autonome et informel trouveront également une place grandissante dans ce nouveau paysage éducatif.

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Ramïn Farhangi a enseigné les Mathématiques et la Physique au lycée, et il siège au conseil de l’EUDEC (Communauté Européenne des Ecoles Démocratiques). Il a réalisé de nombreuses vidéos pour la plateforme Khan Academy France, et a créé une chaîne de cours de Physique en anglais. L’idée de l’Ecole Dynamique lui est venue en août 2014, alors qu’il lisait Tipping Point de Malcolm Gladwell dans son ancienne chambre d’enfant.