Avec la création de centaines d’établissements totalement autonomes mais financés par l’Etat, David Cameron révolutionne le système public d’éducation britannique. Un big bang controversé.
C’est un immeuble en brique rouge d’une poignée d’étages, coincé entre une voie de chemin de fer et l’imposant stade de Wembley, sorte de gigantesque soucoupe volante avec son arche métallique plantée au milieu de la ville. Un bâtiment anonyme comme on en trouve des milliers dans la grande banlieue de Londres.
Rien n’indique ici la présence d’une école. Pas de panneau de basket au milieu de la cour, pas de cris d’enfants surexcités à l’heure de la récréation, pas de dessins colorés scotchés aux fenêtres. Rien, à part des caméras de surveillance aux quatre coins du bâtiment et un système de sécurité à l’entrée digne de Fort Knox.
C’est pourtant derrière ces hautes grilles en fer noires que l’avenir de l’école tel que l’imagine David Cameron, le Premier ministre britannique, est en train de s’écrire. La Michaela Community School a vu le jour il y a tout juste un an. Jada et Hayley, 20 ans à elles deux, accueillent sagement les visiteurs, chacune raide comme un piquet. Pas un pli sur l’uniforme bleu marine gansé de jaune. Même la cravate file droit.
Chaque enfant a une tâche bien définie
Si les visages portent encore les vestiges de l’enfance, les poignées de main sont fermes et les regards acérés. Il faut dire que les deux gamines ne sont pas de simples déléguées de classe mais des “ambassadrices” de l’école. Et elles font le job: “Ici, on nous inculque des valeurs et on nous apporte une éducation qui permettra de mieux nous intégrer dans la société”, débite sans sourciller Hayley, un large sourire collé sur sa frimousse.
A la Michaela Community School, dès 11 ans, les gamins ont droit à trois heures de latin par semaine, autant de français, d’histoire antique, de géographie, de maths, d’anglais, de physique… Tous sont incollables sur la bataille d’Actium ou la structure d’une cellule. Tout ça dans une ambiance quasi militaire.