La théorie du genre est-elle enseignée à l’école ? Preuves à l’appui !

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Lors de son retour de Géorgie où il avait dénoncé la « guerre mondiale pour détruire le mariage » menée par la « théorie du genre », le Pape, à qui un journaliste demandait des précisions sur ce sujet, a rapporté les propos d’un père de famille français lui disant qu’il avait constaté que les livres scolaires enseignaient cette théorie en France. Après le torrent politico-médiatique, prenons le temps de regarder avec bon sens et mesure ce qui figure dans les programmes scolaires, les manuels scolaires et les livres de lecture étudiés en classe. Dans cette analyse, gardons à l’esprit que les élèves, qu’ils aient 5 ou 15 ans, sont dans une période de leur vie où la parole des adultes peut avoir une influence considérable sur la construction de leur personnalité. Autrement dit, ce sont des personnes particulièrement vulnérables.

En premier lieu, rappelons en quelques mots ce qu’est la théorie du genre, ou dit autrement, ce que signifie le concept de genre. C’est un concept sociologique basé sur l’affirmation selon laquelle les différences sociales entre l’homme et la femme ne relèvent en rien de leur corps sexué mais uniquement d’une construction sociale qui leur a assigné des métiers, des rôles, des goûts, des comportements, y compris sexuels. Ainsi les études de genre veulent expliquer les différences hommes-femmes comme étant le résultat d’une construction indépendante du donné qu’est la différence sexuelle. Nous serions en fait tous aliénés sans le savoir. Le genre veut donc nous affranchir de notre corps, qu’il considère comme un carcan nous empêchant d’être vraiment libres, de nous construire comme nous le voudrions.

Le genre est-il présent dans les programmes et les livres scolaires ? La réponse est clairement oui.

Il est introduit par deux vecteurs. Le premier, le plus sournois, est l’enseignement de l’égalité garçons-filles, non pas dans le juste sens de l’égalité en dignité et donc en droits, mais dans le sens d’une identité, toute différence sociale entre les filles et les garçons étant qualifiée d’inégalité. Le deuxième, beaucoup plus direct, est l’enseignement proprement dit de la théorie du genre. Regardons quelques exemples concrets pour chacun de ces vecteurs.

L’égalité garçons-filles est abordée essentiellement au primaire et au collège en Education morale et civique (EMC). Les nouveaux programmes des cycles 2 à 4 (du CP à la 3ème) comportent par exemple comme apprentissage, à l’objectif louable : « Respecter tous les autres et notamment appliquer les principes de l’égalité des femmes et des hommes ». Un des moyens préconisés est l’« Analyse de certains stéréotypes sexués à travers des exemples pris dans des manuels ou des albums de littérature de jeunesse ou le cinéma ». Et c’est là que la traduction dans les manuels peut s’avérer fondée sur la théorie du genre, en niant que la construction sociale, requalifiée péjorativement de « stéréotype de genre » dans les manuels, ait été fondée sur une quelconque différence sexuelle innée.

En voici quatre exemples type, qui se retrouvent dans d’autres manuels.

Dans une page du manuel d’EMC Hachette pour le cycle 4, les différences de métiers et de pratiques sportives entre les hommes et les femmes en général sont qualifiées d’inégalités, subies par les femmes.
Dans le manuel d’EMC Hatier 6ème, un petit exercice (donné ici à des élèves) indique : « Cela paraît incroyable, mais ces stéréotypes sont si puissants qu’ils enferment les filles et les garçons dans des rôles » ; ce sont des « idées fausses » qu’il faut combattre pour « faire toujours ce que l’on a vraiment envie de faire, tout en respectant les idées de chacune et de chacun ».
Le manuel d’EMC Magnard 5ème va plus loin encore, puisqu’il laisse entendre que le choix privilégié des jeunes filles pour les filières paramédicales et sociales au détriment des filières d’ingénieur (oubliant au passage le taux plus élevé de femmes que d’hommes en études de médecine), alors qu’elles sont meilleures en classe que les garçons, n’est que la conséquence d’un formatage depuis la plus tendre enfance par les poupées. Tandis que les garçons, nourris de « jouets faisant appel à la réflexion, à la technique et à la découverte scientifique », s’orientent vers le métier d’ingénieur, le seul qui, implicitement, est montré aux filles comme étant vraiment valable, les incitant ainsi à refouler leur aspiration profonde les attirant pour beaucoup vers les métiers du soin. N’est-ce pas là le véritable sexisme ?
Dernier exemple type, celui figurant dans le manuel d’EMC Hatier 5ème, qui consiste à porter un jugement de valeur hostile aux rôles traditionnels des hommes ou des femmes. C’est ici un dénigrement des princesses dont il est question dans le texte proposé, issu d’ailleurs du livre Mon frère, ma princesse où le genre est partout. Ainsi les jeunes filles de 12 ans, qui ont cette question lancinante à l’esprit les entraînant dans leurs rêves de princesse : « Suis-je aimable ? », liront à l’école : « C’est nul les princesses. […] Une princesse […] elle a l’air d’une grosse imbécile qui se croit jolie, alors qu’elle n’est rien d’autre qu’une fille qui s’ennuie et qui ne sait même pas lire ». Autrement dit, arrête de rêver à l’amour et fait des études, c’est la seule chose qui vaille. Cela rejoint cette interrogation d’une formatrice des professeurs à l’ABCD de l’égalité, disant stupéfaite : « Les femmes font des études mais attendent quand même le prince charmant ! Elles peuvent faire de longues études tout en attendant d’être mariées, de trouver le bon géniteur à lunettes. »

Venons-en maintenant à une diffusion plus explicite de la théorie du genre. Celle qui est faite au lycée.

C’est le cas dans presque tous les manuels de Sciences économiques et sociales (SES) en 2nde, dans le cadre du chapitre du programme intitulé « Comment devenons-nous des acteurs sociaux ? ». Les indications à l’usage du professeur mentionnent : « On montrera que la famille et l’école jouent chacune un rôle spécifique dans le processus de socialisation des jeunes. On prendra en compte le caractère différencié de ce processus en fonction du genre et du milieu social. » On trouve ainsi des pages de manuels intitulées « On ne naît pas femme, on le devient », ou encore, « Nait-on fille ou garçon ? ». Les textes retenus présentent les différences hommes-femmes comme étant uniquement une construction sociale dont les parents – et même les professeurs – sont les responsables. Ainsi est-il écrit dans le manuel Hachette au sujet de l’attitude des parents et des éducateurs avec l’enfant : « Chacun va s’évertuer à lui inculquer son genre. »

On citera parmi les auteurs des textes Véronique Rouyer, une des conceptrices de l’ABCD de l’égalité, pour qui les personnes qui croient encore que les différences entre les sexes s’expliquent en partie par le biologique ont des “croyances essentialistes”.

Dans les ouvrages de SES cités, un seul point de vue est développé. A titre de comparaison, voici la totalité du chapitre du manuel de SES Nathan 1ère, qui a l’honnêteté de donner aussi des textes questionnant le postulat de la socialisation uniquement construite (cf. page 211).

Autre véhicule de la théorie du genre au lycée : les SVT en 1ère ES et L, dans le chapitre « Devenir femme ou homme ». Ainsi, parmi d’autres, le manuel Hachette comporte une page entière intitulée « Le genre, une construction sociale », où l’élève pourra lire que « La société construit en nous, à notre naissance, une idée des caractéristiques de notre sexe », ou encore, « Les rapports de genre se réfèrent à la distribution du pouvoir entre les femmes et les hommes dans un contexte donné », montrant que les partisans du genre sont dans une optique de lutte des sexes. L’élève de 1ère, souvent en plein questionnement intérieur, lira que l’orientation sexuelle « doit être clairement distinguée du sexe biologique de la personne et de son identification avec les rôles culturellement déterminés de la féminité ou de la masculinité ». Autrement dit, ces trois dimensions de notre être n’auraient rien à voir entre elles. Cette même affirmation arrive depuis la rentrée au collège. Elle figure dans le manuel d’EMC Hatier 4ème, dans un encadré « coin philo » intitulé « sexe, genre et sexualité », parfaite synthèse de la théorie du genre.

Terminons par un livre de lecture conseillé par l’Education nationale (comme ici), la pièce Mon frère, ma princesse, qui relate l’histoire d’un petit garçon de 5 ans qui veut devenir une fille. Cette pièce a déjà été donnée en séance scolaire dans 30 villes de France et commence une nouvelle tournée dans six départements. Le petit garçon dit à sa sœur en page 39 : « La nature elle s’est trompée, je le sais bien elle s’est trompée, j’ai pas su me concentrer alors elle a mis dessus moi des morceaux qui ne sont pas à moi. […] Le zizon c’est pas à moi, ça pend, c’est mou, on dirait un ver de terre, la nature elle s’est trompée, je veux être comme Nina ma sœur. ». Est-il pertinent d’emmener les enfants voir un tel spectacle en classe – de surcroît truffé de fautes de français ?

Pense-t-on réellement que cela n’aura aucun impact sur leur psychologie ?

Au terme de ces quelques exemples de diffusion de la théorie du genre dans les livres scolaires, il est important d’y noter plusieurs points récurrents : l’action éducative des parents est a minima questionnée, les rapports entre les filles et les garçons sont abordés en termes de pouvoir, l’égalité visée veut brouiller les différences, le corps sexué et ses aspirations n’ont aucune signification. Les conséquences possibles ? Un rejet encore plus marqué de l’autorité éducative et un accroissement de la concurrence entre les garçons et les filles, voire de la violence, plutôt qu’une acceptation paisible de notre corps comme fondement de notre identité, et de l’autre sexe qui m’enrichit. Est-ce ce que nous voulons pour nos enfants et pour notre société tout entière ?

Esther Pivet
Coordinatrice de VigiGender
www.vigi-gender.fr