Le but principal du gouvernement serait de laisser plus de liberté aux communes quant au choix du nombre de jours d’école. En effet, le choix du nombre de jours de classes reviendrait aux communes en concertation avec les enseignants et les parents, comme l’avait exprimé E.Macron lors de sa campagne présidentielle. Conformément à cette liberté, le samedi 27 mai, le directeur de l’ESSEC a tenu les mots suivants : « tous les territoires satisfaits doivent continuer » à appliquer l’organisation actuelle. Les autres municipalités, quant à elles, « pourront, si elles sont prêtes, à la rentrée prochaine, changer leur dispositif avec le soutien des institutions de l’Éducation nationale » , a-t-il déclaré, évoquant des « expérimentations » selon le Parisien du 31 mai.
De nombreuses critiques fusent à propos de cette réforme malgré l’impression de liberté donnée aux maires :
- Il s’agira de la troisième réforme en 9 ans. Y revenir « serait un mauvais signe car on ferait prévaloir le monde des adultes sur celui des enfants » selon le sénateur Jean-Claude Carle. Cette critique est partagée par le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire qui avait mené la contestation en 2014, qui s’inquiète aussi d’un « décret pressé par le calendrier électoral » . Selon lui, de tels changements imposent aux écoles, aux familles ainsi qu’aux collectivités locales de trop nombreuses modifications organisationnelles trois mois avant la rentrée.
- Les conséquences de ce changement seront telles qu’elles auront un effet considérable sur les enfants. En effet, le passage de 4,5 jours à 4 jours de classe entraînerait une hausse du nombre d’heures de travail par jour risquant de bouleverser le rythme d’apprentissage des élèves. De quoi changer aussi le rythme de vie familial. Le fond du problème est donc que la décision de cette réforme ne s’est pas prise en concertation avec les parents, professeurs et maires. De plus, une semaine à 4 jours ne ferait que reporter le temps des activités extra-scolaires au mercredi. Lors de l’instauration des nouveaux rythmes scolaires à la rentrée 2014, des parents ont boycotté le mercredi pendant lequel une demi-journée de classe s’était imposée et perturbait leur vie de famille (Le mouvement des Gilets jaunes) . Dans une semaine de 4,5 jours instaurée à la rentrée 2014, les enfants sortant de classe à 15h30, c’est à ce moment qu’ils allaient en garderie. L’État ne réglera donc pas ce problème.
- « C’est surtout la mise en place d’activités périscolaires (parfois payantes) qui a rendu la pilule de la réforme difficile à avaler pour certains élus de droite, parents, enseignants. Parce qu’elles coûtent cher aux communes dans un contexte de baisse des dotations de l’Etat, créent des inégalités entre les territoires et donc entre les élèves, posent des problèmes logistiques aux enseignants contraints de laisser leur classe à ces activités après l’école, que le recrutement d’animateurs qualifiés n’est pas toujours aisé… » selon L’Obs du 10 mai. Chaque enfant coûte aux grandes villes de France 150€ par an contre 900 voire 1000€ en zone rurale. Les maires répètent donc leur révolte de se voir obligés de financer le mercredi et montrent leur énervement de devoir réorganiser la vie de leur commune : « Ils en ont bavé pour mettre en place cette réforme. Malgré les difficultés de départ, beaucoup ont trouvé des accords locaux… Ils n’ont pas envie de rebattre les cartes ». dit le sénateur LR de Haute-Savoie.
- On trouve parmi les nombreuses critiques faites à cette révision qu’elle engendrera une inégalité encore plus flagrante entre les territoires, qui fonctionneront à 2 ou 3 temps différents. Remarquons que cette critique ne fait pas la différence entre inégalités et différences entre les territoires. Le but final des rythmes scolaires est de trouver quel est le nombre d’heures de classe nécessaire aux élèves de chaque commune, et qui sera le plus à même d’assurer leur réussite.
Le rapport intitulé « Faire et défaire, en finir avec l’instabilité » rédigé par un groupe de travail composé des sénateurs Jean-Claude Carle, (LR – Haute-Savoie), Thierry Foucaud (CRC – Seine-Maritime), Mireille Jouve (R-RDSE – Bouches-du-Rhône) et Gérard Longuet (LR – Meuse), énonce des conditions pour que les communes puissent reprendre le rythme scolaire de 4 jours : « les communes le décidant doivent garantir une prise en charge possible de l’ensemble des enfants le mercredi. »
Cependant certains se réjouissent de cette réforme en y trouvant des avantages :
- La suppression du temps réservé aux activités périscolaires dans l’emploi du temps des écoliers permettrait de recentrer l’élève sur l’enseignement des fondamentaux. Plus d’heures de classes prévues au sein de l’établissement supprimerait les inégalités entre les élèves (si les devoirs sont faits en étude, la question de l’accès à l’aide aux devoirs ne se poserait plus). Cependant, « Les sénateurs du groupe proposent d’ouvrir cette possibilité sous réserve d’instituer un maximum horaire de 5h30 d’enseignement par jour, impliquant une réduction des vacances scolaires, sur le modèle de ce qui avait cours avant 2008. » selon Le Figaro du 7 juin.
- Cette réforme pourrait améliorera la liberté des chefs d’établissements quant au choix des programmes et de l’organisation de leur école. Quelle marge de manœuvre gagneront les chefs d’établissement dans la mise en place des programmes ? Peut-on vraiment parler d’autonomie gagnée ?
Cette liberté donnée aux communes doit favoriser un dialogue au sein de la communauté éducative et a pour ambition de redonner leur juste place aux acteurs principaux de l’éducation des enfants.
Par Claire Auban