Mathieu Bock-Coté : reconstruire après les Déconstructeurs

Dans une tribune publiée sur Figaro Vox, le penseur québécois Mathieu Bock-Coté fait une analyse convaincante des théories politiques et pédagogiques qui ont conduit le système scolaire à l’échec que l’on connaît.
Pour autant, le chemin est encore long à parcourir sur la voie de la révolution éducative.
Lorsque Mathieu Bock-Coté conclut que ” le travail de Jean-Michel Blanquer fascine, parce qu’il affirme une chose simple : il est possible de reconstruire ce qui a été déconstruit. C’est un rapport au monde qu’il faut retrouver – on pourrait même parler d’une disposition philosophique(…)”, il faut rester prudent à l’égard de la prétention ministérielle de “reconstruire ce qui a été déconstruit”. En effet, si un discours de bon sens a indéniablement été rétabli par notre ministre de l’Education nationale, sur le terrain, on n’a pas encore enregistré de changements significatifs. Cela reste “de la comm”.

La raison en est simple : avec ses 12 millions d’élèves et ses 2 millions de professeurs (dont la Cour des comptes nous explique qu’on est incapable d’en localiser plusieurs dizaines de milliers, soit dit en passant), avec ses milliers de circulaires et textes divers, ses IUFM (devenus ESPE) catastrophiques et ses cohortes d’inspecteurs et de formateurs aussi incompétents qu’idéologues, le ministre – si volontariste soit-il – ne pourra pas changer à court terme la réalité concrète des écoles publiques. Le discours est une chose et l’on se félicite que le ministre ait tourné le dos aux positions idéologiques de ses prédécesseurs qui empruntaient plus à Ubu roi qu’à Guizot. Mais sans changement des personnes et des structures, sans formation de formateurs et de cadres à l’esprit libéré du pédagogisme mortifère décrit par Mathieu Bock-Coté, il n’y aura pas de changement significatif. Cela prendra bien 15 ans au minimum !

Anne Coffinier