En septembre 2012 s’est ouvert à Montfermeil une école pilote, avec l’aide de la Fondation et le soutien chaleureux de la Mairie de Montfermeil. Surtout connue pour ses violences urbaines, ses tours, ses ZEP…, cette ville de Seine-Saint-Denis pourrait bien faire parler d’elle positivement pour le modèle d’école qu’elle propose et qui, après un an, donne des résultats de bon augure. Ouverte avec 12 élèves, la jeune école associant un primaire et un collège multiniveaux a triplé d’effectif au cours de l’année et enregistre déjà de nombreuses demandes pour l’an prochain. L’école est pourtant pauvre et située dans des locaux précaires, mais elle est riche d’une équipe pédagogique qui se donne entièrement à la mission qu’elle a librement acceptée : celle d’offrir un nouveau départ aux enfants de Montfermeil.
Une genèse atypique
L’école pilote Alexandre Dumas est née de la rencontre entre des éducateurs expérimentés (Benoît Maisonneuve, fondateur de l’Institut de la Croix- des- Vents et Albéric de Serrant), la Mairie de Montfermeil et notamment son maire Xavier Lemoine et la Fondation (en particulier Eric Mestrallet). Tous estimaient que la liberté scolaire pouvait apporter une solution à une situation d’urgence éducative constatée jusqu’à présent avec un sentiment d’impuissance par les acteurs locaux. Les parents n’ont pas été à l’origine du projet, mais très vite ils ont apporté leur soutien respectueux et enthousiaste à cette école fondée sur une devise audacieuse à notre époque : honneur, excellence et discipline.
Une école pour trouver sa voie !
La capitainerie.
Directement inspirée de l’esprit de capitainerie des Frères Charlier, au cours Alexandre Dumas, l’accent est mis sur la camaraderie et le souci des amitiés saines. Cette pédagogie de l’exemple et de la responsabilité s’incarne dans la création de sizaines. Les enfants sont solidaires d’une petite équipe de six membres, sous le regard bienveillant et responsable du chef qui est un élève plus âgé. Ces sizaines apportent une cadre rassurant. Finies les angoisses et la solitude dans la cours de récréation ! Les enfants s’y sentent respectés et ne sont pas obligés de « jouer un personnage » pour être acceptés. Ils y apprennent aussi à se décentrer, à se mettre au service de leur groupe et par conséquent de l’école. Aux plus grands, la sizaine apprend à être responsables. Ils se sentent respectés et pris au sérieux. Les enfants comprennent alors que l’éducation est un travail personnel de la volonté et de persévérance.
Les parents mettent la main à la pâte.
Les parents de Charlie ont très vite vu l’intérêt de choisir cette école pour leur fille. Séduits par le projet éducatif, ils ont apporté généreusement leur aide à l’école en aidant la direction à dessiner et faire faire confectionner les uniformes pour chaque élève. Attirés particulièrement par les petits effectifs et le caractère convivial et au-delà, par le fonctionnement général de l’école, une sorte de « grande famille », ils soulignent le bon relationnel avec le directeur et affirment se sentir « vraiment entendus » dans leur préoccupation de parents.
Dans l’école, chaque enfant est aussi accompagné dans la découverte de ses talents, ses aptitudes et ses inclinations pour qu’il puisse trouver notamment sa voie professionnelle. Un projet encouragé par Eric Scandella, entrepreneur de Montfermeil et président de l’association de gestion de l’école, qui encourage l’école à organiser pour leurs élèves des immersions dans les entreprises du bassin d’emploi.
Un projet de la Fondation Espérance banlieues
Le projet pilote Alexandre Dumas a été développé avec le soutien déterminé de la Fondation Espérance Banlieues, laquelle est une fondation abritée de la Fondation pour l’école créée pour soutenir la création d’écoles indépendantes dans les banlieues sensibles en situation d’urgence éducative. Pour que l’école soit accessible au plus grand nombre, les frais de scolarité sont limités à 750 euros par enfant et par an, ce qui nécessite de trouver des financements complémentaires pour financer les professeurs et les locaux. L’école a donc besoin de dons pour fonctionner, dans une proportion encore plus importante que la moyenne des écoles indépendantes. Mais si elle fait publiquement la preuve de sa pertinence, elle pourrait bien conduire les pouvoirs publics à accepter de financer ce type d’école qui se caractérise par la forte implication de l’équipe éducative grâce à la liberté que procure le statut hors contrat, la force de l’éthos de l’établissement qui donne aux enfants qui en bénéficie le goût d’étudier et la fierté de réussir, le tout pour un coût global largement inférieur à celui d’un établissement public de ZEP.