Mais dans la mesure où Rudolf Steiner est le fondateur d’une approche spirituelle appelée l’anthroposophie, il semble insuffisant de ne décrire que la dimension strictement pédagogique des écoles Steiner-Waldorf lorsqu’on entend les présenter. Ce courant que nous pensons pouvoir qualifier de spiritualiste, syncrétique et gnostique développe une approche holistique de la vie, allant de la santé à l’agriculture, ce qui inclut bien sûr l’éducation. Il est clair que cette approche – si elle est effectivement mise en œuvre dans l’école, ce qui n’est peut-être pas nécessairement le cas dans toutes les écoles dites Steiner – est incompatible avec l’adhésion à la foi catholique, protestante ou musulmane, pour ne citer que ces trois religions.
Certaines pratiques de relaxation et d’expression corporelle et artistique, comme l’eurythmie qui est pratiquée dans certaines écoles Steiner, nous semblent justement bien illustrer l’union étroite qui existe dans cette approche du spirituel et du pédagogique (voir cet exemple d’eurythmie : http://www.youtube.com/watch?v=xALTUfGPpPs ).
Nous reproduisons ici un article publié par Fabert qui aborde la dimension strictement pédagogique de l’approche Steiner. Il fait écho au livre « Tout sur les écoles Steiner-Waldorf » de Catherine Piraud-Rouet.
L’approche Steiner est sans doute une des approches dans laquelle la formation intégrale de la personne, l’attention personnelle à chacun, l’ouverture sur le monde, le développement de la conscience écologique et le développement artistique et corporel des enfants ne sont pas que des effets d’annonce mais correspondent à une réalité effective. Reste à savoir si l’on est prêt à entrer dans cette conception de la vie qui est tout sauf anodine.
Texte de FABERT :
Tout sur les écoles Steiner-Waldorf, par Catherine Piraud-Rouet
Les écoles Steiner-Waldorf tiennent leur nom d’une part de celui de leur fondateur, le philosophe autrichien Rudolf Steiner, d’autre part de celui de la fabrique de cigarettes Waldorf Astoria. C’est en effet dans cette usine de Stuttgart, qu’en 1919 Steiner ouvrit son premier établissement à l’attention des enfants du personnel. La montée, puis l’avènement, du régime nazi freinent pourtant assez rapidement un mouvement pédagogique vite essaimé en Allemagne et à l’étranger. Ce n’est qu’après la guerre que ces établissements se multiplient, sur tous les continents. Il existe aujourd’hui quelque 900 écoles de ce type dans le monde, dans plusieurs dizaines de pays (essentiellement en Allemagne et en Europe du Nord).
En France, on compte 23 écoles Steiner-Waldorf, du jardin d’enfants au lycée, qui accueillent au total 2 300 élèves.Toutes sont privées et hors contrat, à l’exception de 5 écoles sous contrat d’association avec l’Éducation nationale. Les frais de scolarité varient entre 1500 et 3 800 euros par an (une prise en compte du quotient familial est possible, le matériel est entièrement fourni).
Fonctionnement de ces écoles
Une approche très spécifique de l’enfant
Selon le Mouvement international des écoles Steiner-Waldorf, le rôle de l’école est d’« accueillir chaque enfant comme une personne unique, établir avec lui une relation de confiance réciproque et lui permettre ainsi de découvrir, de déployer et de mettre en valeur ses capacités et ses potentialités». Il s’agit d’éduquer l’enfant tout entier, « tête, coeur et mains ». Pour ce faire, cette pédagogie présente plusieurs particularités. Une école Steiner-Waldorf est, dans l’idéal, un établissement intégré regroupant douze classes d’âge, de la maternelle à seize ans environ. Regroupés par âges, les élèves conservent le même enseignant éducateur tout le temps de leur scolarité (laquelle s’arrête généralement en fin de classe de première).
Respect de ses rythmes d’évolution
L’observation et le respect des rythmes de l’enfant sont primordiaux. Cet aspect, généralisé dans les pédagogies « alternatives », revêt ici un sens très spécifique. Selon Steiner, l’enfant évolue par « septaines » ; de 0 à 7 ans, il est dans l’imitation ; de 7 ans à 14 ans, dans la création artistique ; ensuite, dans l’intellectualisation et la conceptualisation. Des cycles qui correspondraient, dans la théorie anthroposophique dont il est l’auteur, à la succession de trois corps : « corps physique » (naissance), « corps éthérique » (à la chute des dents, 7 ans) et « corps astral » (puberté, 14 ans). De ces rythmes découle toute l’architecture de l’enseignement de ses écoles.
Les apports sur le plan de l’éveil.
En maternelle : priorité donnée à l’éveil pur
Le jardin d’enfants s’échelonne sur quatre ans (3-7 ans) au lieu des trois de l’enseignement classique. À l’inverse de celui-ci, ou d’autres enseignements « différents » (à commencer par Montessori), le parti pris est de limiter au minimum les acquisitions préscolaires. En fonction des rythmes d’évolution de l’enfant exposés plus haut, la pédagogie Steiner-Waldorf considère qu’il y a un temps pour tout à respecter, sous peine de dommages potentiels sur l’élève. Ainsi, l’enfant de moins de sept ans doit développer avant tout sa créativité. Avant cet âge, l’enseignement est donc un vaste parcours d’éveil, basé sur le jeu libre et créatif (au moins deux heures par jour). Ce jeu passe par la large mise à disposition pour les bambins de matériaux bruts en matières naturelles : tissus, coquillages, morceaux de bois, jouets en bois et en tissu… Pas ou peu de maisons de poupées ni de petites voitures, encore moins de jeux électroniques. Dans les écoles, les jouets du commerce n’ont pas bonne cote. La manipulation de ces matières brutes permet d’inculquer à l’enfant une conscience écologique et, les objets n’étant pas achevés, de développer leur imaginaire. La priorité étant donnée à l’image, au toucher et à l’audition, on n’y trouve pas non plus de livres, ou très peu.
Avant le collège, même rareté des équipements informatiques. « Nous avons la préoccupation d’être des écoles contemporaines et nous savons qu’aujourd’hui on en peut pas se passer de l’informatique, explique Henri Dahan, enseignant et délégué général de la fédération Steiner-Waldorf France (SWF), mais nous avons aussi la conviction que ce qui est sain à un certain âge peut être toxique à un autre. Dans les petites classes, l’épanouissement de l’enfant passe avant tout par la relation à l’enseignant et avec son corps, tandis que l’écran génère la passivité. Dans le secondaire, le traitement de texte et d’image apparaît progressivement, mais l’informatique est toujours abordée de façon à ce que les enfants gardent en mémoire qui, de l’homme ou de la machine, doit garder la main. » En maternelle, l’ambiance est familiale, joyeuse, avec un décor chaleureux qui rappelle la maison (coin cuisine équipé qui permet de préparer des gâteaux, repas pris sur place en commun…).
De 3 à 16 ans, un cursus marqué par les activités manuelles et artistiques
Dès les petites classes et tout au long de la scolarité, une grande place est accordée aux travaux artistiques et manuels (jardinage, tricot, point de croix, musique, sculpture…). Dans les arts plastiques, considérés comme fondamentaux dans la pédagogie Steiner-Waldorf, on utilise beaucoup la cire à modeler, l’aquarelle ou la gouache sur papier mouillé, qui permet à la couleur de se diffuser. Au collège, les élèves suivent une quarantaine d’heures d’histoire de l’art chaque année et partent en voyage scolaire à l’étranger étudier l’architecture de villes prestigieuses (Prague, Barcelone…). L’expression corporelle, très importante aussi, passe notamment par l’eurythmie, une sorte de danse théâtrale, clé de voûte et exclusivité de la pédagogie Steiner-Waldorf. L’eurythmie, également appelée « discours visible » ou « chant visible », est censée favoriser l’acquisition de la coordination et une meilleure réceptivité.Tous les élèves se prêtent à cet exercice, de plus en plus théâtralisé à mesure que l’enfant grandit, à raison de plusieurs heures par semaine.
Des enseignements assez rigides et codifiés
Contrairement aux autres pédagogies « ouvertes », qui laissent une large initiative à l’enfant dans le choix et l’ordre de ses acquisitions, celle-ci s’appuie sur un programme calé à l’avance, conforme à l’évolution des capacités cognitives de l’enfant selon le psychologue autrichien. À telle année correspond tel apprentissage, sans possibilité pour les élèves de s’en écarter. Par ailleurs, même si l’enseignement, surtout dans les petites classes, part souvent du vécu et de l’expérience concrète, les enseignements sont largement dispensés par le biais de cours magistraux, l’approche par ateliers étant minoritaire.
Les apports sur le plan des acquisitions
Un cursus décalé, mais riche et équilibré
À l’exception des quelques écoles sous contrat, les établissements Steiner-Waldorf ne sont pas tenus de respecter le programme de l’Éducation nationale. Les matières fondamentales y sont pourtant enseignées, mais d’une manière sensiblement différente de ce qu’on peut trouver dans le système classique. Les enseignements sont répartis comme suit : un tiers d’activités « intellectuelles », mais toujours abordées sous un angle « vivant » ; un tiers d’activités gestuelles et manuelles, pour aider à la formation et à l’équilibre du corps physique ; un tiers d’activités artistiques, pour l’éveil de la créativité et l’épanouissement de la personne. L’apprentissage de la lecture se fait très progressivement, plus tard en moyenne que dans le système classique (les enfants lisent à 7-8 ans, voire à 8-9 ans). Ils commencent par l’étude, en première classe (l’équivalent du CP), de l’histoire de chaque lettre, puis des sons, etc. Les matières fondamentales (histoire, langues, sciences et mathématiques) font l’objet d’un rythme d’acquisition particulier. Contrairement à l’école classique où l’on alterne, à petite dose, chacune de ces matières tout au long de la semaine, celles-ci sont enseignées à raison de deux heures par jour, par périodes de trois à cinq semaines. Pendant plusieurs semaines, les enfants ne font donc que du français en cours principal, puis que des mathématiques, etc. La raison d’être de ce choix : éviter les ruptures de rythme dans l’acquisition des connaissances et mieux les « digérer ». À noter que dans un respect des rythmes chronobiologiques des enfants, ces cours principaux sont toujours dispensés en matinée. Le reste de la journée alterne entre matières intellectuelles et éveil corporel et artistique. L’apprentissage des langues est précoce. Dès la première classe, les enfants sont initiés à l’allemand, puis à anglais l’année suivante. Les écoliers étudient donc deux langues étrangères dès l’école élémentaire. Celles-ci sont enseignées de manière ludique (poésies, chants, jeux, scénettes…), à raison de trois heures par semaine. Caractéristique importante, on l’a vu, de cette pédagogie : l’enseignement est largement oral. Jusqu’au terme possible de leur scolarité, à l’âge de seize ans, les élèves ne disposent pas de manuels scolaires et de très peu de livres.
L’après Steiner-Waldorf : une intégration satisfaisante, quoique inégale, dans le supérieur
Les résultats au bac annoncés par la fédération SWF pour la période 1995-1998 semblent largement corroborer cette satisfaction : 85 % des lycéens ayant passé leur bac un an après leur départ de la classe de première l’auraient obtenu. Un chiffre qui passe à 91 % si l’on inclut ceux ayant passé l’examen deux ans après leur sortie de première. Des résultats supérieurs à ceux de l’Éducation nationale pour la période considérée (77 % en moyenne).De plus, une étude menée en 1997 sur les six premières promotions d’élèves issues d’un établissement Steiner- Waldorf, venant de se doter des classes de lycée, a montré que 63 % des élèves repérés au niveau d’une classe équivalente d’une sixième de collège ont poursuivi leur scolarité jusqu’à obtenir le baccalauréat. Pour comparaison, la moyenne enregistrée dans l’Éducation nationale était de l’ordre de 49 % en 1997.
Des chiffres à considérer, toutefois, à la lumière de trois études réalisées sur les anciens élèves (deux à l’étranger et une en France). Parmi les étrangères, la première relève qu’en dépit de bons résultats généraux, et en particulier dans les matières artistiques, on peut déplorer un certain manque de connaissances factuelles, notamment « en orthographe, en histoire et en formation à l’outil informatique ». L’autre étude remarque que les anciens d’écoles Steiner-Waldorf « ont la sensation de posséder moins de connaissances que les anciens élèves du système traditionnel ». Mais l’étude précise : « Ils soulignent néanmoins que cela peut être surmonté grâce à la capacité d’apprendre ainsi que le goût de la découverte. »
Quant à l’étude française, elle apprend que 40 % des sortants se sentent des « lacunes au niveau scolaire », notamment au niveau de « l’orthographe, des sciences, de l’histoire et des langues étrangères ».Toutefois, les difficultés au moment du passage dans le système scolaire traditionnel ne perdurent pas. Ils trouvent leur voie plus ou moins rapidement et exercent un métier qui leur convient, avec une forte tendance à se diriger vers des métiers artistiques, dans lesquels ils excellent : c’est le cas de 23 % d’entre eux. Il est intéressant de noter que la même proportion opte pour des professions sociales et médicales, tandis que 15 % se dirigent vers l’enseignement et la recherche, 15 % vers l’artisanat, 7,6 % vers la gestion d’entreprise, 5 % vers l’informatique et la technique et 10 % vers d’autres métiers.
Les apports sur le plan des comportements
Objectif affiché de la pédagogie Steiner-Waldorf : « Former des individus capables, en eux-mêmes et par eux-mêmes, de donner un sens à leur vie. » Un principe qui a plusieurs retentissements sur le plan pédagogique.
Une discipline consensuelle, fondée sur l’adhésion et sur l’autonomie
Jusqu’au collège, les écoliers ne sont ni notés ni classés. « Les notes ne sont qu’un reflet partiel des connaissances acquises par l’enfant, lit-on sur le site de la fédération SWF. L’absence de notes ne signifie pas que les enfants ne sont pas évalués […] l’objectif est l’acquisition de la matière et pas l’obtention de la note. » En lieu et place du bulletin de notes, les parents des élèves de primaire reçoivent un rapport annuel présentant un portrait de l’enfant et de son comportement. Il témoigne du parcours de l’élève, il décrit ses points forts et ses points faibles.Toutefois, on conseille aux parents de ne pas en divulguer le contenu aux enfants les plus jeunes, afin de les préserver de tout influx négatif. Il n’y a pas, non plus, de redoublement ni d’orientation précoce.Tous les élèves, quelles que soient leurs capacités, poursuivent ensemble leur scolarité jusqu’à son terme. « L’expérience montre que le redoublement est rarement la solution aux dysfonctionnements personnels des enfants, sources de leurs difficultés à suivre un programme. […] On préfère identifier les causes du problème et les traiter au cas par cas. C’est un cheminement qui se fait avec les parents et l’équipe pédagogique et qui est rendu possible par le suivi de l’enfant sur plusieurs années. Cependant, en cas de nécessité, il peut y avoir redoublement » explique-t-on à la fédération SWF. « Un enfant ayant de grandes difficultés dans une matière sera pris en charge individuellement par l’équipe pédagogique. » On pourra aussi lui adjoindre un tuteur. À l’inverse, un enfant plus « rapide » que les autres pourra se voir donner des exercices plus difficiles. Côté discipline, la pédagogie Steiner-Waldorf évite, dans la mesure du possible, tant récompenses que punitions, préférant s’appuyer sur les techniques de communication sans violence.Toutefois, l’organisation devient assez classique en cas de réels problèmes de comportement, avec des sanctions pouvant aller jusqu’au renvoi.
Un triptyque fort : maître – élèves – parents
La pédagogie Steiner-Waldorf dit viser à la confiance et à l’enthousiasme de l’enfant, plutôt qu’à la compétition et l’ambition. Pilier de cette mission : le maître et sa proximité très forte avec le même groupe d’élèves – 25 à 30 par classe dans le primaire, une petite vingtaine, voire moins, dans le secondaire – toute leur scolarité durant (et au moins jusqu’à la fin du primaire). L’enseignant-éducateur est désigné à la fois « comme un artiste qui fait découvrir et aimer à l’enfant le monde qui l’entoure » et comme un « jardinier », chargé de veiller à ce que ses protégés poussent le plus harmonieusement possible. Pour ce faire, il s’appuie sur les « tempéraments » de chacun de ses élèves, afin de les aider à en maîtriser les excès.
Du fait du suivi du groupe sur plusieurs années, une coopération étroite est également censée se cultiver entre les élèves. Dernier volet de ce triptyque éducatif : les parents, dont on sollicite un investissement conséquent dans le fonctionnement des établissements. Chacune des écoles est une association loi de 1901 dont les parents sont membres de droit : ceux-ci sont invités à participer aux conseils d’administration, mais aussi à des ateliers hebdomadaires, à des chantiers, à de nombreuses fêtes… Ils sont, par ailleurs, reçus individuellement plusieurs fois par an, sans compter les réunions trimestrielles de groupe. L’école Steiner-Waldorf crée ainsi un important réseau social, jugé comme un soutien essentiel au développement de l’enfant.
Une pédagogie ouverte sur le monde
Au collège, les adolescents effectuent des stages dans le monde agricole, industriel et social. Des échanges, parfois de plusieurs mois dans le secondaire, sont fréquemment organisés avec d’autres écoles Steiner-Waldorf à l’étranger (Allemagne,Angleterre, États-Unis, etc.). En France, l’étude de 2001, portant sur la perception du vécu de la scolarité ainsi que le devenir des anciens élèves des écoles Steiner- Waldorf, est riche d’enseignements.Trois anciens élèves sur quatre affirment avoir apprécié leur scolarité, avec une mention spéciale à la qualité et la variété de l’enseignement ; la vie sociale au sein de la classe et au sein de l’école ; l’attitude respectueuse des enseignants vis-à-vis des élèves ; les rythmes qui ponctuent la scolarité (fêtes de l’école, pièces de théâtre, etc.).Toutefois, près d’un sur quatre critique l’aspect « trop protecteur » de l’école, ainsi que le manque de préparation et de suivi des élèves sortants.
Les apports sur le plan des valeurs morales
Une large place accordée à la spiritualité
Écoles laïques, ces établissements consacrent toutefois une part à la spiritualité bien plus large qu’ailleurs. On y célèbre, chaque saison, une fête ou une cérémonie du calendrier, dont certaines à connotation religieuse : la Saint-Michel (automne), Noël (hiver), Pâques (printemps) et la Saint-Jean (été). « Nous accordons beaucoup d’importance aux fêtes et aux cérémonies : elles servent à relier l’humanité aux rythmes de la nature et du cosmos, explique le site de la fédération SWF. Marquer par des célébrations festives les ambiances des différentes saisons de l’année enrichit la vie de l’âme. » La Saint-Michel est ainsi l’occasion, par divers jeux et scénettes, de célébrer le courage et l’initiative, la Saint-Martin, fête des lanternes, de cultiver sa « lumière intérieure »…
Les élèves suivent aussi des cours d’histoire des religions, fondamentales pour comprendre notre civilisation et trouver des réponses à la « perte de sens de nos sociétés », selon les représentants de l’institution.« Réconcilier de façon moderne Science, Art et Religion est un des objectifs de la pédagogie Steiner-Waldorf. […] Par contre, les cours d’instruction religieuse n’entrent pas dans le programme » peut-on lire sur le site. Les enseignants de ces écoles nient tout lien avec l’anthroposophie, le mouvement philosophique et spirituel dérivé du bouddhisme assez controversé dont Rudolf Steiner fut le fondateur en 1912. Reste à savoir dans quelle mesure la barrière est réellement hermétique entre le philosophique et une pédagogie qui en découle directement…
C’est pourquoi opter pour une école Steiner-Waldorf doit être fait en connaissance de cause, car l’anthroposophie fait l’objet de fortes suspicions de sectarisme en France. Certes, ces écoles ont été, elles, lavées de tout soupçon en 2001 : en plaçant votre enfant dans un établissement Steiner-Waldorf, vous ne le faites pas entrer dans une secte ! Il n’en demeure pas moins que les enseignants y ont tous suivi une formation à l’anthroposophie. Par ailleurs, les thèses développées par Steiner sur les voies d’accès à des dimensions supérieures de la conscience, notamment par la méditation et par un rapport plus étroit avec la nature, imprègnent et orientent, plus ou moins directement, l’ensemble de la pédagogie.
Une formation qui développe l’altruisme et l’ouverture au monde
L’étude de 2001 citée plus haut sur le ressenti et le devenir des anciens de Steiner-Waldorf souligne que ces élèves sont fortement impliqués et responsabilisés face aux questions de société et au devenir de la planète. En effet, nombreux sont ceux qui agissent pour le bien-être d’autrui : travail dans l’humanitaire, le social, etc. Une orientation future à relier aux qualités personnelles attribuées par les élèves à leur scolarité :
1. Le sens artistique (46 %) ;
2. L’ouverture d’esprit (44 %) ;
3. La confiance en soi et l’optimisme (43 %) ;
4. L’adaptabilité et la tolérance (40 %) ;
5. L’enthousiasme et la volonté (38 %) ;
6. L’indépendance d’esprit (37 %) ;
7. La conscience de soi et la richesse intérieure (36 %).
La culture d’une conscience écologique
Outre l’utilisation, comme on l’a vu, de matériaux bruts afin de familiariser les enfants avec les matières naturelles (bois, argile, pierre, tissus…), cette préoccupation passe par la pratique régulière du jardinage (on fait pousser des légumes, on les cueille, on les prépare et on les déguste ensemble) et par de nombreuses sorties et activités liées aux thèmes de l’environnement. Les locaux, eux aussi, sont généralement composés, tout ou en partie, de matériaux naturels. Beaucoup d’écoles Steiner-Waldorf proposent des menus à large dominante végétarienne et/ou biologique. « Ce n’est pas une démarche a priori, mais une facilité par rapport aux demandes des nombreuses familles qui pratiquent ce type de régime, ainsi que par rapport aux exigences des services sanitaires, car les produits végétariens se conservent mieux », explique Henri Dahan. Sur la question – souvent controversée – du respect du calendrier vaccinal en leurs murs, le porte-parole de l’institution répond : « Nous ne nous démarquons pas de la législation, mais nous préférons laisser ce choix aux mains des familles. »
Texte extrait de Écoles différentes. Des pédagogies pour grandir et apprendre différement, de Catherine Piraud-Rouet, Éditions Fabert, Collection “Le Fabert”, 2010, 120 pages. Acheter cet ouvrage.
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