Et pour cela, au milieu des milliers de pages écrites et des millions de mots prononcés par les uns et les autres, par les uns contre les autres, une pensée à la fois pragmatique et théorique, solide et mûrie, scintille, montrant un chemin au milieu des marécages : celle de Nathalie Bulle.
Nathalie Bulle est directeur de recherche au CNRS en sociologie de l’éducation, et développe depuis plusieurs années une pensée appuyée sur une large expertise, une vraie réflexion mais aussi un solide bon sens, qui n’est pas toujours la qualité prééminente chez les membres de cette institution.
Dans ses nombreux articles, elle aborde des thèmes variés, comme la validité des enquêtes PISA et les enseignements que l’on peut en tirer, ou la question sensible de la formation des enseignants et de la transmission.
Dans un ouvrage consacré à la faillite prévisible et annoncée du collège unique, que la dernière réforme semble pourtant renforcer, comme un ultime et délétère cautère sur une jambe de bois vermoulu, Nathalie Bulle revient, avec d’autres contributeurs, sur les raisons pour lesquelles le système secondaire tel qu’il est conçu en France ne peut que dysfonctionner. Mais elle ouvre aussi des perspectives, et construit un avenir possible pour cette école qui est au cœur de toutes les préoccupations, comme au cœur du budget de l’Etat. Ses « Propositions pour la Refondation du collège » tiennent en 6 pages, et sont d’un grand intérêt (p.179-185). La structuration proposée des enseignements de français, de mathématiques et de langues en Unités de Valeur semestrialisées ou annualisées est stimulante, car elle s’appuie sur le souci d’une progression individuelle et vérifiée de chaque élève, et non plus sur le regroupement arbitraire des enfants pas tranches d’âge, dans ces disciplines « qui nécessitent une structuration progressive des acquis de la part des élèves » (p.180). Elle retrouve dans un certain sens la souplesse de la progression individuelle des élèves au sein des groupes de niveau préconisés par le Institutions des Ecoles Chrétiennes de Jean-Baptiste de la Salle, et on ne s’étonne pas de trouver une contribution de Jean-Marie Petitclerc dans cet ouvrage collectif, préfacé par Laurent Lafforgue, dont la lecture est vivement conseillée à tous ceux que la question de l’enseignement secondaire intéresse.
Le Collège unique ou l’intelligence humiliée. La fin des utopies. François-Xavier de Guibert, 2011
Préface de Laurent Lafforgue. Avec le concours de Lire-Ecrire
Contributions de Nathalie Bulle, Cécile Reveret, Michel Segal, Jean Jachymiak, Thierry Sibieude, Bernard Kuntz, Pierre Perrier, Elisabeth Altschull et Gilbert Castellanet
Gauvin Buriss
