28 avril 2019

Dégâts en vue ! 3 grandes académies mettent en garde contre les écrans : parents et établissements, à quand le réveil ?

Les écoles indépendantes se multiplient et leurs pédagogies sont extrêmement diverses ; malgré leur apparente hétérogénéité, elles ont pourtant un dénominateur commun : une vraie prudence vis-à-vis des écrans. Bien leur en prend…

Si la révolution numérique est un indéniable atout d’un point de vue pédagogique – à l’école comme en famille, elle passe nécessairement par l’utilisation de l’écran qui, lui, est un vecteur de connaissance bien plus complexe que ne le sont le cahier de leçons ou le tableau noir.

Loin des sirènes du tout numérique, les écoles indépendantes -y compris celles qui sont les plus innovantes- utilisent toujours les écrans avec discernement. Certaines d’entre elles y consacrent même une partie de leur règlement intérieur, en y fixant des règles claires d’utilisation adaptées à chaque âge et en exigeant des parents une cohérence entre l’école et la maison.

A l’origine de cette “prudence numérique”, le simple bon sens. Aujourd’hui, un appel conjoint de 3 de nos plus grandes académies -fait assez rare pour le souligner, vient nourrir cette prudence instinctive de résultats scientifiques fiables et argumentés.

Daté du 9 avril 2019, l’Académie Nationale de Médecine, l’Académie des Sciences, et l’Académie des Technologies signent en effet une publication sur “L’enfant, l’adolescent, la famille et les écrans. Appel à une vigilance raisonnée sur les technologies numériques”.

 “La société et les pouvoirs publics doivent demeurer attentifs aux problèmes posés par l’évolution vers un 100% numérique (…) Nous appelons les pouvoirs publics, responsables de l’éducation et de la santé, à mettre en place des formations, permanente et continue, pour tous les intervenants auprès de la jeunesse, notamment afin de contribuer à réduire les conséquences des disparités sociales”, écrivent, dans un appel commun à “une vigilance raisonnée sur les technologies numériques” envers les enfants, les adolescents et les familles, les 3 académies. Elles appellent à ne pas sous-estimer “le rôle des vulnérabilités sociales” puisque “les conséquences du mauvais usage des écrans apparaissent d’autant plus sérieuses que l’enfant est en situation de vulnérabilité”.

En ce qui concerne le très jeune enfant, le texte est très clair : “Fasciné par les bruits et les lumières vives, totalement passif, (celui-ci) peut apparaître comme déjà victime d’un trouble comportemental : surexposition chez l’enfant ‘scotché’ à l’écran et réactions de colère lors du retrait.” Mais quel est précisément “le retentissement de ce comportement sur le développement psychomoteur et relationnel du jeune enfant, ainsi que sur ses capacités d’apprentissage”, la question, “très préoccupante” n’est “pas tranchée”, non plus que celle de la cause première, “possible nocivité intrinsèque des écrans” ou “pratiques parentales inadaptées dont la gestion des écrans ne serait qu’un aspect parmi d’autres”.

“Chez l’enfant plus âgé, et plus particulièrement chez l’adolescent, le problème est tout autant celui du contenu que celui de la quantité. En particulier, la facilité d’accès à des scènes violentes ou pornographiques constitue un danger.” En ce qui concerne les jeux vidéo, l’addiction peut se produire “sous l’effet conjoint de facteurs de vulnérabilité personnelle ou sociale et du caractère particulièrement addictogène de certains jeux”, mais “il convient de garder à l’esprit que la très grande majorité des joueurs trouve dans cette distraction une source de satisfactions positives et d’amélioration de certaines performances”. L’appel porte également sur “l’utilisation vespérale ou nocturne des écrans” et sur les troubles du sommeil, mais aussi sur une “éventuelle toxicité pour la rétine de la lumière diffusée par les écrans”.

Les académies appellent donc les parents d’enfants de moins de trois ans à ne pas mettre à leur disposition lorsqu’ils sont seuls des écrans, “surtout ceux dont les enfants peuvent eux-mêmes contrôler l’usage”. Sinon, “la participation parentale à l’interactivité est absolument indispensable”. Après 10 ans, “il importe que les parents maintiennent un dialogue positif sur l’utilisation des écrans et restent attentifs aux symptômes de fatigue liés aux troubles du sommeil”.

A l’école, dès 3 ans, “la place des écrans doit faire l’objet d’une réflexion collective au sein de l’établissement scolaire” et au-delà : “Nous appelons les pouvoirs publics, responsables de l’éducation et de la santé, à mettre en place des formations, permanente et continue, pour tous les intervenants auprès de la jeunesse”, qu’il s’agisse des problèmes de violence, de désinformation, de harcèlement et de prosélytisme, mais aussi des compétitions de “e-sport” ou de la “la photosensibilité de certains yeux fragiles”.

L’appel s’adresse aussi aux institutions de recherche et leur propose de travailler sur “l’interface entre les contenus numériques et leurs divers utilisateurs”, sur “les effets multifactoriels des écrans chez les enfants”, sur “les usages pédagogiques d’Internet et des écrans”, sur les filtres de la lumière bleue, sur les relations homme-machines… “Nous appelons les chercheurs à un dialogue éclairé avec les enseignants, éducateurs, professionnels de la santé, parents, et adolescents eux-mêmes, pour comprendre les expériences très variées vécues en ligne par des jeunes d’horizons divers et de fonctionnements psychologiques différents.”

Téléchargez l’appel des 3 Académies en cliquant ICI

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