Méthode syllabique, globale, semi-globale ? Le débat devrait maintenant être dépassé. En effet, les preuves scientifiques de l’efficacité des méthodes syllabiques, « qui reposent sur un apprentissage rapide et systématique des correspondances graphèmes-phonèmes, c’est-à-dire des lettres et des sons (on parle de « décodage »), puis un assemblage progressif des lettres en syllabes et en mots », ont été apportées depuis de longues années (cf. dossier de presse de la Mission d’information sur l’apprentissage de la lecture, disponible ci-dessous). Elles sont plus efficaces que les méthodes dites globales, « assises sur la reconnaissance visuelle des mots. » « Le consensus scientifique sur ce point a atteint la sphère institutionnelle et politique et se traduit dans l’évolution des programmes et des instructions officielles, aujourd’hui très précis sur la place que doit tenir l’enseignement méthodique des correspondances entre les graphèmes et les phonèmes. » (ibidem)
Mais il reste de vraies problématiques sur le terrain :
- La plupart des professeurs des écoles qui enseignent actuellement ont appris à lire avec les méthodes dites globales et reproduisent ce qu’ils ont connu
- Les manuels proposés dans les écoles et par les éditeurs ne sont pas forcément syllabiques (malgré les apparences)
- Cela pousse de trop nombreux enseignants à créer eux-mêmes leurs progressions et leurs supports à partir d’un assemblage de ressources trop souvent hétéroclites et sans cohérence, avec une conséquence de manque de structuration dans l’apprentissage de la lecture.
Comment contourner ces difficultés et permettre à tous nos petits élèves, de la GS au CE1, de bénéficier des meilleurs méthodes, et ainsi de mettre tous les chances de leurs côtés ? Plusieurs axes d’amélioration doivent être envisagés et conjugués. Ils ont été clairement identifiés par une mission d’information sur l’apprentissage de la lecture menée par deux députés et dont les conclusions, fort intéressantes, ont été rendues le 24 janvier 2024 :
- Une formation claire et structurée des enseignants alliant théorie et pratique, et partant de la pédagogie explicite (renvoi vers notre autre article de blog)
- Des outils pédagogiques et didactiques efficaces et ayant fait leurs preuves
- Des conseils de personnes expérimentées permettant une amélioration des pratiques
- La cohérence dans les progressions d’une classe à l’autre, et plus spécialement de la GS au CE1 pour le sujet qui nous concerne
- Le lien à faire sans cesse entre le décodage et la compréhension
- La suppression du numérique qui n’apporte aucune amélioration (cf. texte de la mission)
Il est intéressant de noter que cela correspond aux méthodes et intuitions portées depuis des années par les écoles libres et par notre institut de formation, l’ILFM !
Très concrètement, comment cela peut-il se traduire dans nos classes et nos écoles ?
Tout d’abord, par le choix d’une méthode adaptée. Pour cela, nous ne pouvons que vous conseiller de consulter les ressources proposées par Lire-Ecrire, et notamment Enseigner la lecture au CP – Guide des manuels syllabiques ( https://www.lire-ecrire.org/enseigner-la-lecture-au-cp-guide-des-manuels-syllabiques/ ), ou la pédagogie Jean qui rit, etc.
Il convient ensuite de se former spécifiquement à l’enseignement de la lecture. De même qu’un maîtresse de PS cherchera à renforcer ses connaissances sur le développement des élèves de 3-4 ans, de même, il est essentiel pour un maître chargé de l’enseignement de la lecture de devenir un expert en ce domaine. Ces temps de formation lui permettront des échanges riches. Le passage en « stage » dans une classe de CP ne pourra qu’être bénéfique.
Vient ensuite la cohérence des progressions entre les classes. Quelle chance nous avons, dans les écoles libres hors-contrat, de pouvoir effectuer un vrai travail pédagogique pour proposer une réelle continuité dans les enseignements, de la PS au CM2. Ce passage, parfois un peu rébarbatif, est une des garanties de la réussite de nos élèves.
Et bien évidemment, pour lier décodage et sens, l’accès à la lecture de petites histoires sera apprécié de tous les élèves. Ils découvriront ainsi le pouvoir étonnant de la lecture qui enrichit l’imaginaire et la vie intérieure… et ce sera une antidote efficace contre l’utilisation abusive des écrans !
Pour aller plus loin :
- Pédagogie Jean qui Rit, https://jeanquirit.fr/
- Site Lire-écrire, https://www.lire-ecrire.org/
- Formation Maternelle-CP de l’ILFM, https://www.fondationpourlecole.org/formation/formation-maternelle-cp/
- Dossier de presse de la mission d’information sur l’apprentissage de la lecture, à télécharger sur cette page https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/organes/commissions-permanentes/affaires-culturelles/missions-de-la-commission/mi-apprentissage-lecture
- Etude sur les bienfaits du « tutorat de lecture » en CP : Comment de courtes « rafales » de tutorat peuvent améliorer les compétences en lecture précoce ( https://www.edweek.org/teaching-learning/how-short-bursts-of-tutoring-can-boost-early-reading-skills/2024/01 )