En effet, Theresa May a annoncé qu’elle voulait de nouveau leur permettre de se développer alors qu’un tel développement était gelé depuis 20 ans par l’Etat, suite à la décision prise en 1998 par Tony Blair. Cette annonce a immédiatement suscité des controverses. Les parlementaires tories avaient réclamé cette réforme en vain à Cameron. Ils pourraient l’obtenir de Theresa May.
Il existe aujourd’hui 164 grammar schools. Ce sont des écoles publiques accessibles sur concours à l’âge de 11 ans, de haut niveau académique et destinées aux élèves de milieux populaires. Il s’agit de permettre aux plus doués d’accéder à une éducation classique de très haute qualité académique, qui puisse rivaliser avec les independent schools. Développées entre les années 1940 et 1960 jusqu’à scolariser 1/4 des élèves, elles connurent une réduction drastique dans les années 1970 lorsque l’Etat en transforma le plus grand nombre en écoles ordinaires non sélectives : les comprehensive schools.
Alors que les grammar schools cherchent à créer de nouvelles élites en donnant les meilleurs chances à une minorité d’enfants doués des milieux populaires, depuis les années 1970, les dirigeants préfèrent mettre l’accent sur l’élévation du niveau de l’ensemble des élèves des écoles publiques, sans se préoccuper de faire émerger des élites particulièrement bien formées.
Se préoccuper des élites et vouloir les repérer et les former dans le cadre de la méritocratie scolaire est devenu inconvenant, à l’instar de ce qui se passe en France. Seule la montée du niveau de tous importe, même s’il passe par le gaspillage des élites académiques potentielles.
Ces grammar schools du Système tripartite d’éducation britannique en place depuis les années 1940 ont formé des générations de leaders. Elles préparaient notamment leurs élèves à l’entrée à Oxford et Cambridge. Certains reprochèrent aux grammar schools de recruter davantage d’élèves issus de la classe moyenne que des classes réellement populaires. Au regard du coût de l’éducation privée en Angleterre, nul doute que ces grammar schools aient été le seul moyen accessibles aux classes moyennes pour bénéficier d’une éducation d’élite. Que les classes populaires – si le fait est vraiment statistiquement prouvé – se trouvent en avoir moins massivement bénéficié, ne devrait pas étonner la France, mère de la Révolution de 1789, réalisée au nom du peuple mais ayant profité quasi-exclusivement aux bourgeois !
Anne Coffinier