Certainement pas les familles défavorisées qui se trouvent piégées dans des établissements publics en faillite tandis que les « initiés » la contournent pour rejoindre les bonnes écoles. Bref, la carte scolaire enferme les enfants des quartiers difficiles et les condamne, pour une grande part, à l’échec. Les « enfants de prof » et de ceux qui nous gouvernent sont extirpés habilement de ce carcan pour être placés dans les établissements qui fonctionnent. Peut-on supporter encore longtemps pareille hypocrisie? Qu’on nous comprenne bien : nous ne revendiquons pas la généralisation des passe-droits dans un système en ruine. Nous ne prônons pas le sauve-qui-peut et l’abandon définitif des écoles publiques en faillites à leur triste sort. L’abolition de la carte scolaire ne peut se concevoir que dans le cadre d’une réforme d’ensemble fondée sur la liberté totale des établissements. À notre sens, les parents de milieu modeste sont tout à fait capables de choisir une école mais c’est justement l’assistanat d’État, qui détermine et paye à leur place l’école, qui les déresponsabilise. Si tous les parents avaient à choisir l’école de leurs enfants – l’État se contentant de financer sans s’ingérer –, ils seraient obligatoirement conduits à s’impliquer dans leur scolarisation et à voter avec leurs pieds en partant si l’établissement est mauvais.
Pour renouveler nos élites et revivifier la France, supprimons la carte scolaire… et libérons l’école !
Anne Coffinier, directeur général de la Fondation pour l’école