La Confédération nationale des AFC souhaite le chèque scolaire et l’autonomie des établissements

Mise en place du « chèque service éducation » et autonomie des établissements : pour la CNAFC, la Confédération nationale des associations familiales catholiques, ces deux mesures phares doivent permettre de renforcer le rôle des parents et de la famille dans l’éducation. Longtemps engagée dans le scoutisme, mère de famille, médecin généraliste, Pascale Morinière, vice-présidente de la CNAFC depuis 2011, répond à nos questions.

Quelles sont, selon vous, les valeurs qui doivent être à la base de toute politique éducative ?

Comme le dit l’enseignement social de l’Église, les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants. Ils ne sont pas les seuls, mais il convient de leur reconnaître cette primauté, essentielle à nos yeux. Ils doivent, notamment, pouvoir choisir librement l’école de leurs enfants.

Aujourd’hui, estimez-vous que les familles peuvent réellement exercer cette liberté de choix ?

Il faut tout d’abord reconnaître que cette liberté a une première limite, très pragmatique, qui est géographique. Dans leur plus grande majorité, les parents inscrivent leurs enfants dans une école proche de chez eux. Il serait donc intéressant de proposer une offre diversifiée dans un cadre territorial donné, ce que l’Éducation nationale ne sait pas – ou pas encore – faire. Sans ce pluralisme, il n’y a guère de liberté possible.

Quelles sont, selon vous, les moyens de garantir la liberté de choix des parents entre l’école publique, gratuite, l’école privée sous contrat et l’école indépendante hors contrat, qui demandent toutes deux un effort financier aux familles ?

Depuis 2007, nous défendons le « chèque service éducation ». Chaque famille recevrait un chèque correspondant à la somme que l’État verserait directement à l’établissement scolaire dans lequel ils choisiraient d’inscrire leur enfant. Cela éviterait aussi aux familles qui choisissent l’école privée de payer deux fois : par l’impôt et par les frais de scolarité. L’État ne se désengagerait pas : par le prélèvement de l’impôt, il continuerait à assurer un bon niveau de financement des écoles, mais sans interférer sur la liberté des familles.

Pour l’anecdote, l’école publique n’est pas toujours aussi gratuite qu’elle le dit. Combien de fois les parents sont-ils sollicités pour participer à des ventes de gâteaux, des marchés de Noël ou des kermesses pour alimenter la coopérative scolaire ?

Quand, dans une famille nombreuse, trois, quatre, cinq enfants sont simultanément étudiants, cela coûte cher aux parents ! Que proposez-vous ?

En effet, il est difficile de financer les études supérieures de plusieurs enfants ! Nous proposons ainsi de tenir compte du quotient familial dans le calcul des frais de scolarité. Cela aiderait grandement les familles nombreuses. Certaines grandes écoles font déjà cet effort : des écoles supérieures (Sciences Po Paris, l’Ecole Supérieure de Création Interactive Numérique), des Universités privées catholiques (l’Institut catholique de Paris, l’Université catholique de Lyon), des classes prépa privées catholiques (Sainte Geneviève… Madame Valérie Pécresse s’est montrée très intéressée par cette proposition.

Des créateurs d’écoles commencent à ouvrir des établissements hors contrat dans des banlieues difficiles, jusque dans des cités, comme Le Rocher l’a fait dans la cité de la Beaucaire, à Toulon. Ils ne le font pas dans un but lucratif, loin de là, mais souhaitent demander une participation, même symbolique, financière ou non, aux parents. Qu’en pensez-vous ?

Tant que cette participation est proportionnelle aux revenus de la famille, pourquoi pas ? Cela permet aux parents de mieux s’investir dans l’école, de ne pas se sentir systématiquement « assistés », d’être considérés comme véritablement parties prenantes dans le projet éducatif.

Il arrive parfois que les parents ne soient pas d’accord avec le contenu des enseignements et manifestent un certain manque de confiance à l’égard de l’Éducation nationale. N’est-ce pas dû au monolithisme de cette institution ?

Nous prônons en effet plus de souplesse et de pluralisme dans l’élaboration des programmes. Les débats récents au sujet des programmes de SVT des classes de 1ère montrent qu’il y a un réel besoin de concertation. Les parents devraient pouvoir davantage faire entendre leur voix, notamment quand il s’agit de sujets aussi délicats que la sexualité.

Aujourd’hui, il est très difficile, voire impossible, de connaître le niveau réel d’un établissement, tout simplement parce qu’on ne peut se procurer ni les résultats des évaluations nationales ni ceux des écoles de son entourage. Est-ce que les publier aiderait les familles ?

Bien sûr, rendre ces résultats accessibles serait un excellent moyen de créer une saine émulation. Cela permettrait aux parents de faire leur choix en toute connaissance de cause. Au-delà de critères académiques fondés sur des statistiques, il serait intéressant de savoir quelles méthodes sont employées, notamment pour l’apprentissage des fondamentaux. Un enfant, même petit, réussit mieux si les parents adhèrent au projet éducatif de l’école. Autres critères, subjectifs, certes, mais très importants : le bien-être et l’épanouissement des enfants, leur bonheur d’apprendre, leur savoir être, la prise en compte globale de leur personnalité…

Quel rôle devrait avoir un chef d’établissement ?

Il devrait être le pivot de l’établissement, et donc bénéficier d’une large autonomie. Tout d’abord pour recruter son équipe, et bâtir avec elle un véritable projet pédagogique. Pour ce qui est des manuels scolaires, la liberté de choix des professeurs et des chefs d’établissement serait confortée par une offre pluraliste de la part des éditeurs.