Le ministre de l’Education national a annoncé une réforme scolaire. Elle vise à renforcer le contrôle de l’Etat sur l’enseignement indépendant hors-contrat pour lutter contre la radicalisation. Il y a deux volets. Le premier est de modifier les modalités d’ouverture des écoles. D’un régime de déclaration, on passera à un régime d’autorisation administrative préalable. Le second volet restreint la liberté pédagogique. Les écoles indépendantes devront suivre la progression pédagogique de l’enseignement public.
Comment l’Eglise catholique juge-t-elle cette réforme ?
Le cardinal Ricard a estimé que “la liberté d’enseignement est en danger”. L’Eglise a toujours défendu la liberté fondamentale d’enseignement. Elle est protégée par la Constitution. Pour reprendre les mots du cardinal, les évêques sont inquiets et très réservés. La lutte contre la radicalisation est un objectif légitime. Mais cela ne peut se faire au prix du sacrifice d’une liberté.
Que dit la doctrine sociale de l’Eglise au sujet de la liberté d’enseignement ?
Le Catéchisme de l’Eglise catholique pose un principe fondamental : “Les parents sont les principaux et premiers éducateurs de leurs enfants” (CEC 1653). Le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise rappelle également que “L’action politique et législative (doit) sauvegarder (…) la liberté effective de choix dans l’éducation des enfants” (CDSE 253).
Quel est l’impact de cette réforme ?
Il est très large et dépasse l’enseignement hors-contrat. L’enseignement catholique sous-contrat s’est opposé à cette réforme. De plus en plus d’établissements sous-contrat ouvrent des classes sans contrat. Cela arrive lorsqu’un établissement veut accueillir plus d’élèves et que l’Etat refuse d’ouvrir de nouvelles classes sous contrat. Il s’agit aussi de proposer des enseignements non prévus par les programmes du ministère, comme le latin, langue de l’Eglise.
D’autres solutions existent-elles ?
Le régime actuel d’ouverture des écoles ne permet pas tout. La loi autorise l’Etat à inspecter les écoles et à fermer des établissements dans des délais très brefs. Le ministre a ainsi annoncé la fermeture de cinq écoles. Il suffit d’augmenter le nombre de ces inspections pour lutter contre la radicalisation.
Dans le climat actuel, notre pays a besoin d’apaisement et de confirmer son choix des libertés, pas de rouvrir la guerre scolaire.