Dans un essai publié chez Seuil (Le désastre de l’école numérique), l’ingénieur et essayiste Philippe Bihouix et l’enseignante Karine Mauvilly tirent la sonnette d’alarme devant la “numérisation” de l’enseignement, prévue en particulier pour être accélérée par la réforme du collège entrant en vigueur à la rentrée 2016.
Derrière cette tendance, une illusion : celle de penser que c’est la technologie qui va enrayer l’échec scolaire.
Sans appeler à un utopique retour en arrière, ils prônent une école libérée des écrans. Sans cela, ils nous dépeignent un horizon dangereux pour les élèves comme pour leurs enseignants :
“L’école numérique, c’est un projet de déconnexion toujours plus grande de l’homme d’avec son milieu naturel. Nous allons élever des enfants «hors-sol», comme nos tomates insipides! Avec le numérique, on ne promeut plus l’effort : face au découragement, l’école doit devenir ludique, gamifiée, l’enseignement doit être fun, les profs sympas. On ne laisse plus de place au hasard, à l’ennui, à l’apprentissage de la patience, de la lenteur, de la réflexion : tout doit devenir rapide, efficace, on veut tout, et tout de suite. L’école doit se consommer, comme le reste. Et tant pis pour les futurs poètes que l’ennui guidait parfois vers le ballet des feuilles d’automne. L’école moderne doit former des managers ou des chauffeurs «uberisés», pas des poètes.”
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