Ces enfants font aujourd’hui l’objet d’une attention plus soutenue de l’Education nationale : circulaires, sensibilisation, voire formation interne…
Mais sur le terrain, malgré les efforts déployés, les changements dans notre quotidien de familles HP sont imperceptibles et le concept de précocité intellectuelle reste flou pour la grande majorité de la population :
Des petits prodiges, il y en a. Surdoués, au QI homogène, ils s’intègrent à peu près en milieu dit ordinaire, pour peu que les équipes éducatives arrivent à ajuster outils, méthodes, ou rythme.
Et les autres ?
- Ceux qui ne s’intéressent pas aux contenus scolaires (mais qui ont un savoir encyclopédique à 7 ans sur la botanique, les rapaces, l’espace ou le paléolithique…) ;
- Ceux qui ne jouent pas avec les autres et sont parfois rejetés ;
- Ceux qui souffrent d’un ou plusieurs troubles (dys-lexie, -praxie, déficit attentionnel…) qui les empêche(nt) d’avancer au même rythme que les autres sur certaines acquisitions ;
- Ceux qui ont telle mésestime d’eux-mêmes qu’ils refusent de se confronter à l’apprentissage, de peur de voir confirmer leurs faiblesses et leurs manques ;
- Ceux qui ne trouvent pas de sens à ce que le milieu scolaire ordinaire leur propose et qui refusent donc, en bloc, toute nourriture intellectuelle.
Ceux-là développent des troubles du comportement : inhibition, isolement, évitements… Certains baissent les bras. S’enfoncent dans l’échec. La déscolarisation guette et constitue l’inéluctable sortie par le bas de leur problème. Dans le pire des cas, certains d’entre eux décident d’arrêter là ce trop dur chemin de croix…
Pour leurs parents, chaque année scolaire nouvelle porte son lot de souffrance, d’angoisse, d’incompréhension et de communication parfois difficile avec l’équipe pédagogique …
Ils s’épuisent, après leur journée de travail, à refaire la classe après la classe.
Ils courent de psychométricien en orthophoniste, de psychiatre en graphothérapeuthe, en ergothérapeute, neuropsy,… pour les aider à répondre aux exigences et demandes du milieu scolaire ordinaire.
Ils s’épuisent physiquement, psychiquement et …financièrement (toutes ces interventions n’étant pas remboursées).
Ils ont parfois la chance de rencontrer la perle rare, l’oreille attentive, l’enseignant et le chef d’établissement dont le regard (re-)mettra leurs enfants en confiance.
Mais ils se confrontent le plus souvent au monde enseignant qui, mal informé, mal formé, parfois hostile à l’idée même de précocité (“puisqu’il parait que tu es un génie, tu devrais être capable de…”) va affaiblir leurs enfants par leurs remarques, appréciations, et regards.
L’autre face de la précocité, celle de la descente aux enfers, celle de l’échec scolaire est terriblement dérangeante, frustrante, car elle interpelle l’ensemble des acteurs sur l’organisation du système ordinaire, les pratiques et outils pédagogiques (cycles, contenus, processus d’évaluation, …).
Même si l’objectif assigné à l’Education nationale est louable, il n’est évidemment pas réaliste de croire que l’Ecole de la République est en capacité de former tous les enseignants sur tous les troubles et toutes les pathologies afin qu’ils puissent accompagner chacun de ces enfants, dans chacune de leur différence.
C’est :
- Parce qu’il n’est pas concevable que l’Ecole de la République accroisse les difficultés des enfants précoces et contribue à leur descente aux enfers ;
- Parce que nous estimons trop élevé le coût psychologique et économique de la déscolarisation et de la désocialisation de ces enfants ;
- Parce que nous, parents d’enfants HP, HP nous-mêmes, savons mieux que quiconque ce qu’ils vivent, pour l’avoir vécu, et le vivre encore – en tant qu’adulte -, chaque jour, dans le monde du travail ;
- Parce que nous croyons fermement à la fertilisation croisée entre initiatives alternatives et milieu scolaire ordinaire (exemples des apports de l’école Freinet) que nous nous lançons dans une initiative citoyenne de classe alternative.
Ecole Optim’Om : un projet citoyen dédié aux enfants HP, pour les aider à sortir de la spirale de l’échec scolaire.
Cette école nouvelle, grâce à une équipe, avertie et formée, composée d’enseignants et de divers thérapeutes (psychologue, pédopsychiatre, orthophoniste, psychomotricien… ), dans un lieu d’accueil dédié, avec des approches pédagogiques adaptées (d’ores et déjà éprouvées en France et à l’étranger) permettra aux enfants HP en difficulté de retrouver le plaisir d’apprendre, de découvrir le monde et les autres, de pouvoir vivre harmonieusement leur singularité et ainsi en faire une richesse pour eux et pour la société dans laquelle ils vivront demain .
Au-delà de la volonté et de l’énergie des membres de l’équipe qui le porte aujourd’hui, la réussite de ce projet est conditionnée par le soutien d’hommes et de femmes politiques.
Au-delà du soutien bénévole, les familles en supporteront le coût financier, mais il ne doit pas être réservé à « ceux qui en ont les moyens », et nécessite donc la mise à disposition de locaux adaptés. L’idéal serait qu’à terme 60 à 80 enfants puissent y être scolarisés.
Il en existe, aider nous à les trouver !
Delphine Chauveau
Et l’équipe d’Optim’Om
Optim’om – Marseille
ecole.optimom@icloud.com
Delphine CHAUVEAU, âgée de 43 ans, mère de quatre enfants, est gestionnaire d’un Etablissement scolaire sous contrat avec l’Etat d’environ 900 élèves, au sein duquel elle a mis en place des projets pédagogiques adaptés aux enfants HP.
Diplômée de l’université et d’une école de commerce, elle a précédemment été chef d’entreprise. Membre et bénévole auprès d’associations s’occupant d’enfants précoces, et elle-même membre de MENSA, elle est très investie depuis de nombreuses années dans les nouvelles technologies de l’enseignement et dans la prise en charge de la précocité intellectuelle.