Le ministère de l’Education nationale a constaté une forte augmentation des enfants instruits en famille : il veut donc supprimer la liberté d’enseignement. Nous reproduisons ici le communiqué de presse de l’association CISE.
Projet de décret ayant pour objet de modifier les dispositions du code de l’Education pour les enfants instruits en famille, soit l’article D.131-12*, et d’ajouter l’article D.131-13**
COMMUNIQUÉ de PRESSE du 31 mai 2016
Oui à la liberté d’enseignement !
Connaissez-vous l’avantage majeur d’instruire son enfant à la maison ? C’est de pouvoir adapter l’instruction à chaque enfant en fonction de son profil, de son mode de fonctionnement. Ainsi, lorsque nous voyons que notre enfant ne comprend pas, nous changeons de méthode, de support, de moment dans la journée ou dans la semaine… Nous nous remettons en question très souvent de façon à mettre en place une organisation qui soit favorable au développement de notre enfant tout en veillant à ce que le niveau du socle commun soit atteint à l’âge de 16 ans, comme le demande la loi.
La note de présentation de ce décret précise : « La recrudescence du nombre d’enfants instruits dans la famille témoigne de la nécessité d’améliorer le cadre juridique du contrôle existant ».
« La recrudescence du nombre d’enfants instruits dans la famille… » Ne serait-il pas opportun de chercher à comprendre pourquoi tant de familles désertent l’Education nationale pour se tourner vers d’autres moyens d’instruction clairement permis par la loi et surtout par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ?
« … la nécessité d’améliorer le cadre juridique du contrôle existant » Est-ce vraiment une amélioration du cadre juridique que d’imposer le modèle de l’Education nationale à chaque citoyen contrairement à son droit fondamental d’instruire différemment ?
Nous rappelons qu’une majorité d’enfants instruits à la maison ont quitté les bancs de l’école car ils étaient en échec et/ou en phobie d’un système qui ne leur permettait pas de s’épanouir et de développer au mieux leur potentiel. Qu’en sera-t-il de ces enfants instruits à la maison avec d’autres méthodes, d’autres pédagogies, d’autres rythmes… qui s’épanouissent et progressent à nouveau loin du stress, de toutes pressions et compétitivités ?
Est-ce vraiment ainsi qu’une démocratie doit fonctionner : alors qu’un petit nombre de citoyens ne fait qu’exercer un choix parfaitement légal, sous prétexte que ce nombre est en augmentation, l’Etat jugerait et déciderait de la nécessité de modifier le cadre juridique afin de réduire ce nombre ?
Le député Eric CIOTTI veut supprimer le droit constitutionnel d’instruire soi-même son enfant. Est-ce pour paraître moins impitoyable que le ministère de l’Education nationale veut modifier fondamentalement la loi par ce décret – dans un premier temps – en supprimant toute liberté d’instruire différemment ?
Oui, le Ministère de l’Education nationale est moins sévère puisque chacun pourrait continuer d’instruire son enfant mais… comme à l’école et qui plus est, avec une obligation de résultats que n’ont pas les enfants scolarisés en établissements présentiels !
Non, l’instruction en famille n’est pas “l’école” à la maison !
Nous refusons le programme unique pour tous les enfants
Nous voulons continuer à instruire en famille selon nos choix
Nous sommes, nous parents, les premiers éducateurs de nos enfants et nous le resterons car la République doit protéger nos libertés de citoyen.
L’instruction selon nos choix est notre droit.
Le rôle d’un Etat démocratique n’est PAS d’éduquer nos enfants contre notre gré, ou d’imposer un programme unique, privilège des régimes totalitaires.
Le rôle d’un état démocratique est de soutenir l’innovation pédagogique et les pédagogies alternatives dont toutes les recherches prouvent les bienfaits sur l’épanouissement des enfants, citoyens de demain. Le rôle d’un Etat démocratique est de protéger nos libertés individuelles.
La République française n’est-elle pas fondée sur les Droits de l’Homme ? Les Droits de l’Homme ne font-ils pas partie des valeurs de la République ?
Si on interdit aux citoyens de la République française d’exercer leur droit d’instruire différemment selon la Constitution, ils seront dans l’obligation d’utiliser l’article 35**** des Droits de l’Homme.
Nous demandons fermement le retrait de ce projet de décret qui porte atteinte à l’une de nos libertés fondamentales : éduquer et instruire nous-mêmes nos enfants si nous le voulons et selon nos choix.
Association CISE depuis 1998 : http://www.cise.fr Contact presse :communication.pour.cise@gmail.com
* La modification de l’article D.131-12 prévoit de soumettre les familles aux acquis attendus en fin de chaque cycle ce qui contraint les familles à suivre la progression décidée par l’EN et obligent les enfants non scolarisés à un résultat sur une évaluation à un instant précis alors que les enfants scolarisés n’ont pas cette obligation.
** L’article D.131-13 qui serait ajouté prévoit que l’enfant sera ‘’soumis’’ obligatoirement à des exercices écrits ou oraux au cours du contrôle pédagogique alors qu’ils sont inutiles à l’inspecteur pour apprécier objectivement ses connaissances en consultant les travaux réalisés par l’enfant et en amenant une discussion bienveillante autour de son travail.
*** Article 2, protocole n°1 : « Nul ne peut se voir refuser le droit à l’instruction. L’Etat, dans l’exercice des fonctions qu’il assumera dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, respectera le droit des parents d’assurer cette éducation et cet enseignement conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques. »
**** Article 35. – Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.