Passé relativement inaperçu, un décret du 1er janvier 2020 issu de la loi Dussopt permet désormais aux fonctionnaires de bénéficier d’une rupture conventionnelle. Une opportunité pour les nombreux professeurs qui, lassés des conditions de travail éprouvantes de l’école publique, pourraient facilement rejoindre les rangs des écoles indépendantes.
Quitter l’Éducation nationale n’est plus si rare
Quand on sait qu’entre 2012 et 2016, les démissions de stagiaires ont augmenté de 209% et de 54% chez les professeurs titulaires*, on peut craindre -ou espérer ?- une accélération des démissions des professeurs qui fuient l’institution malgré la sincérité de leur engagement initial et les avantages de leur statut.
En effet, les complexités administratives comme l’incapacité du Ministère à répondre concrètement aux besoins spécifiques rencontrés par les professeurs sur le terrain ont parfois raison des vocations les plus profondes.
A tel point que des structures sont apparues pour aider les professeurs à quitter la fonction publique, ainsi le dispositif «Mobi-Snalc» du syndicat Snalc, ou encore l’association «Aide aux profs».
Une opportunité pour les écoles indépendantes
Au Salon pour la liberté pédagogique LIBSCO d’avril 2019, le nombre d’enseignants venus en catimini, souvent en situation de grande détresse personnelle, se renseigner sur la possibilité de quitter l’Éducation nationale pour rejoindre les écoles libres a frappé les organisateurs du salon.
De leur côté, les écoles indépendantes se réjouissent de ce nouveau dispositif : elles proposent des postes en permanence -notamment via le site ecoles-libres.fr– et peinent à recruter compte tenu de la croissance du secteur, qui ne faiblit pas (113 écoles ouvertes en 2019, portant à plus de 1500 le nombre total d’établissements indépendants en France).
Un débouché bienvenu quand on examine le “cadeau de départ” de la loi Dussopt, qui fait perdre aux enseignants qui décideront de sauter le pas leur titre (Capes ou agrégation) et leur ancienneté de fonctionnaire : le prix de la liberté ?
*Source : Bilan social de l’Éducation nationale, juin 2019