Numérique éducatif : aider les professeurs et les directeurs d’établissements à discerner

La pandémie planétaire de Covid19 a favorisé le recours massif aux technologies numériques dans tous les secteurs, et notamment dans celui de l’éducation et de la formation. En France, les États Généraux du Numérique pour l’Éducation ouverts par le Ministère de l’Éducation nationale[1] ont confirmé l’orientation de ces dernières années. L’heure est désormais à la numérisation massive tant de l’environnement éducatif que de l’acte d’enseignement, dès l’école primaire, incluant donc les enfants de 3 ans, leurs professeurs et leurs parents, et ce en l’absence manifeste de tout véritable débat.

Mi-octobre, 26 associations ont en effet adressé deux courriers[2] au gouvernement, aux parlementaires et aux élus locaux, rappelant les risques environnementaux, anthropologiques et sociaux liés aux nouvelles technologies et demandant que des voix critiques puissent bénéficier d’un temps de parole suffisant pour faire entendre leurs arguments lors des États Généraux.

Aucun de ces deux courriers n’a cependant été évoqué les 4 et 5 novembre.

Aucun des intervenants autorisés à s’exprimer n’a émis la moindre réserve, tous semblant au contraire se féliciter du basculement accéléré de l’école dans le XXIème siècle par le biais de la crise sanitaire.

Les 40 propositions publiées en novembre sur le site officiel des EGN constituent une parfaite synthèse des propositions de la Commission des Affaires Culturelles et de l’éducation de l’Assemblée Nationale[3] présidée par Bruno Studer (qui était présent en direct le 4 puis le 5 novembre), des préconisations de la Banque des Territoires[4], des orientations données par les conférences et colloques organisés notamment à l’intention des élus par le think tank #Le Plus Important[5], ou encore aux publications du think tank “Digital new deal”.[6]

Comme s’en est félicité en direct Georgi Dimitrov, responsable du projet DEAP (Digital Education Action Plan) à la Communauté européenne, les conclusions des EGN organisés par le Ministère français de l’Éducation nationale sont conformes aux attentes de l’Union européenne en matière d’éducation numérique pour chacun de ses pays membres.

Devant une telle unanimité des experts, à l’échelle de l’Europe de surcroît, on serait légitimement tenté de s’incliner : si tous ces hyperspécialistes éclairés s’accordent à nous prédire l’avènement d’une société future essentiellement numérique, et font valoir l’absolue nécessité d’y préparer nos enfants en les immergeant dès leur tendre enfance dans un environnement idoine, assurément, ils ne sauraient avoir tort…

Pourtant, au-delà de la très nette convergence d’intérêts des dits experts en matière de numérisation du secteur éducatif, la survenue même de cette crise sanitaire montre si besoin était, que même à notre époque où l’expertise scientifique est censée guider l’humanité pour le meilleur, prévoir l’avenir reste susceptible de quelques trébuchements malencontreux.

C’est la raison pour laquelle certains se mobilisent, envers et contre tout, pour que chaque professionnel de l’éducation, enseignant, membre de l’équipe de direction d’un établissement scolaire puisse faire des choix éclairés guidés non par des lobbys, mais par le réel intérêt des élèves (à court et à long termes).

C’est le cas de l’ILFM en France, qui propose le 12 décembre une journée de formation dédiée à la place des nouvelles technologies à l’école. Ouverte à tous les professeurs, cette journée doit leur permettre d’aborder dans leurs classes les fondamentaux de l’informatique et de la programmation sans nécessité de recourir à des dispositifs numériques.

Plus intéressant encore, cette formation leur donnera des clés pour évaluer objectivement la pertinence des dispositifs numériques pédagogiques, qu’ils soient à visée éducative ou administrative, outils régulièrement proposés par le Ministère ou leurs établissements.

La formation sera assurée par Catherine Lucquiaud, docteur en informatique et enseignante. Cette formation est également ouverte à tous les parents d’élèves qui souhaitent s’informer sur ces questions.


[1] Et devenus “EGN” par la grâce des abréviations révélatrices de priorités lors de leur retransmission en direct les 4 et 5 novembre

[2] Lettre ouverte aux organisateurs des États Généraux et N’offrez pas des tablettes aux enfants

[3] “15 propositions pour le numérique éducatif de demain”, 4 novembre 2020

[4] “Numérique éducatif : Pour des territoires inclusifs, attractifs et innovants”, novembre 2020

[5] Créé en Juillet 2017 et qui appelle entre autres à la valorisation du “capital humain” grâce à l’Intelligence Artificielle, aux Open-badges et à la multiplication des établissements scolaires sur le modèle des écoles 42 de Xavier Niel en France et dans le monde

[6] “Préserver notre souveraineté éducative : soutenir l’Edtech française”, novembre 2019