Cette enquête distingue trois éléments, qui se conjuguent de manière différente selon les pays. :
– le degré d’autonomie des établissements dans l’affectation des ressources humaines ou financières,
– le degré d’autonomie des établissements dans le choix des programmes et des évaluations,
– le degré de responsabilisation des établissements, c’est-à-dire le pourcentage d’élèves fréquentant un établissement qui publie ses résultats.
(Apparaissent ci-dessous en gras les pays placés dans les 10 premiers du programme PISA 2009, que ce soit en mathématiques, en sciences ou en lecture.)
L’étude démontre l’absence de lien systématique entre le degré d’autonomie de gestion des ressources humaines et financières et la performance scolaire.
L’OCDE a intégré dans un seul critère l’autonomie des moyens financiers et l’autonomie des ressources humaines : le choix des enseignants à engager ; la possibilité de les congédier ; la détermination du salaire de départ et des augmentations des enseignants ; le budget de l’établissement ; la ventilation de ce budget.
En matière de gestion de ces ressources, l’autonomie des établissements est plus grande en République tchèque, aux Pays-Bas, en Bulgarie et à Macao, en Chine. Dans ces pays et territoires, « plus de 90 % des élèves se rendent dans des établissements qui peuvent recruter et renvoyer les enseignants, et plus de 90 % des élèves se rendent dans des établissements qui, en accord avec les autorités régionales et nationales, sont responsables de l’allocation de leur budget ». En revanche, en Grèce, en Italie, en Turquie, en Roumanie et en Tunisie, « plus de 80 % des élèves se rendent dans des établissements qui ne disposent pas de cette compétence, seules les autorités régionales et nationales l’ont ». On note que ces derniers établissements ne sont pas bien classés dans PISA.
L’organisation internationale remarque cependant qu’aucune relation n’est « clairement établie entre l’autonomie en matière de gestion des ressources (ndlr : humaines et financières) et la performance (ndlr : scolaire) d’un pays. Cela peut-être parce que l’allocation des ressources touche les établissements en particulier, mais n’affecte pas nécessairement la performance du système dans son ensemble. » Ainsi, cette relation peut s’avérer « positive » ou « négative », selon les pays : elle est positive notamment au Chili, en Grèce, en Corée du Sud, dans les pays partenaires tels que le Pérou ; elle est négative en Suisse et dans les pays partenaires de l’OCDE tels que la Colombie, la Croatie, le Kirghizistan et la Thaïlande.
L’autonomie dans le choix des programmes, associée ou non à l’autonomie de gestion, est au cœur de la performance scolaire.
L’autonomie pédagogique peut se manifester dans la libre définition des politiques d’évaluation des élèves, le choix des manuels, le choix du contenu des cours et le choix des cours eux-mêmes. On évalue ensuite qui, de l’établissement ou des autorités locales, régionales ou nationales assume ces choix et ces responsabilités.
L’étude considère diverses situations, selon le degré de corrélation de ce facteur avec le précédent. Cela donne donc quatre possibilités :
1 – Autonomie de gestion et autonomie pédagogique. Il en est ainsi en République tchèque, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et à Macao.
2 – Ni autonomie de gestion, ni autonomie pédagogique : en Grèce, en Turquie, et dans les pays partenaires tels que la Jordanie et la Tunisie.
3 – Absence d’autonomie de gestion mais grande autonomie pédagogique. Au Japon, en Corée, en Nouvelle-Zélande et à Hong-Kong.
4 – Grande autonomie de gestion et peu ou pas d’autonomie pédagogique : en Bulgarie et à Shanghai.
L’autonomie pédagogique prévaut. « Au niveau national, plus les établissements d’enseignement sont nombreux à détenir la responsabilité de la définition et de l’élaboration de leurs programmes et évaluations, plus la performance du système d’éducation dans son ensemble est élevée, même après contrôle du PIB », note l’OCDE. Cette liberté bénéficie donc à tous les élèves, y compris aux moins favorisés ou aux moins doués, qui trouveront des établissements à la pédagogie et aux programmes adaptés à leur profil.
« Les systèmes d’éducation qui accordent aux établissements une plus grande marge de manœuvre dans les décisions portant sur les systèmes d’évaluation des élèves, les cours proposés, le contenu de ces cours et les manuels utilisés, sont aussi ceux qui font état des meilleurs résultats en compréhension de l’écrit », précise cette étude.
La responsabilisation des établissements, comprise comme publication des résultats, est cause de performance, à condition que les établissements jouissent aussi d’une forte autonomie de gestion.
Pour l’OCDE, cette responsabilisation se traduit par la publication des résultats des établissements. Parmi les États membres de l’OCDE, « en moyenne, 37 % des élèves sont scolarisés dans des établissements dont les personnels de direction attestent rendre publics les résultats de l’établissement ».
Aux États-Unis et au Royaume-Uni notamment, plus de 80 % des élèves sont scolarisés dans des établissements qui publient leurs résultats. Ils ne sont que 10 % en Autriche, en Belgique, en Espagne, en Finlande, au Japon et en Suisse, par exemple.
Le seul fait de publier des résultats n’a pas guère d’impact sur la performance moyenne des élèves. Pour que celle-ci soit légèrement supérieure à la moyenne, il faut les établissements jouissent aussi d’une large autonomie de gestion.
Il ressort de cette étude que l’autonomie financière ne suffit pas, à elle seule, à générer de la performance. Le tiercé gagnant associe large autonomie dans la gestion des personnels, autonomie pédagogique et liberté dans les systèmes d’évaluation : « savamment dosées, l’autonomie et la responsabilisation sont généralement associées à une meilleure performance des élèves » conclut l’OCDE.
Notons que la France ne fait pas partie du panel des pays étudiés dans cette enquête. On ne peut que le regretter. Elle ne publie en effet aucune statistique et évaluation par établissement ou même par type d’établissement et ne dispose donc pas des outils d’évaluation et de pilotage de sa performance. Rappelons que le programme Pisa classe la France en 22e position en mathématiques et en lecture, et à la 29e place en sciences.