Quand le hors contrat stimule avec succès l’Education nationale : l’exemple des écoles de production

Le site d’information ToutEduc dévoile que la trentaine d’écoles de production, écoles professionnelles hors contrat, vont passer sous contrat avec l’Etat, à la demande de ce dernier.

Le succès de ces écoles, qui ont su proposer une formule de formation pertinente pour les élèves comme pour les entreprises, n’est plus à démontrer. Derrière cette reconnaissance, c’est la capacité d’innovation et d’expérimentation des écoles indépendantes qu’il faut saluer. 

Ces structures agiles, libres de leurs pédagogies, de leurs projets d’établissements et du recrutement de leurs professeurs, savent expérimenter, se renouveler, s’adapter… autant d’impossibles du côté de l’Education nationale.

Cette dernière le sait bien, et fait preuve de bon sens en se saisissant de formules éprouvées ailleurs pour s’en inspirer, voire les absorber comme c’est le cas ici. Quand le secteur hors contrat inspire le système classique, il accomplit pleinement une partie de sa mission de stimulation du système scolaire dans son ensemble.

On ne manquera toutefois pas de s’étonner que cette reconnaissance vienne précisément au moment où un tour de vis supplémentaire est annoncé à l’encontre des écoles indépendantes, dans le cadre de la fameuse lutte contre les séparatismes. Curieuse schizophrénie, que les porte-paroles des écoles sans contrat ne manqueront pas de rappeler à qui de droit.


Vers la reconnaissance des “écoles de production”

Paru sur le site de ToutEduc le 06 octobre 2020 et reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur. Voir l’article original ICI

Le ministère de l’Education nationale prévoit de reconnaître les “écoles de production”. Ce sont des établissements d’enseignement scolaire privés hors contrat qui mettent en oeuvre une pédagogie adaptée et qui s’appuient sur “une mise en condition réelle de production”. Elles mettent en effet leurs élèves “dans des situations de production similaire au milieu professionnel par la réalisation de commandes pour des clients industriels ou particuliers” et la vente de ces productions “constitue une modalité de financement pour ces écoles” qui réunissent en moyenne une trentaine d’élèves chacune, indique l’administration dans sa présentation d’un projet d’arrêté que ToutEduc s’est procuré.

Cette reconnaissance par l’Etat interviendrait à l’issue d’une instruction des dossiers de demande et d’une inspection. Une liste de 25 écoles (sur la trentaine que compte leur fédération) susceptibles d’être reconnues sera présentée au Conseil supérieur de l’éducation et elles ne pourront recevoir d’aides de l’Etat, “sous forme de bourses ou sous forme de subventions” qu’après un avis favorable du CSE.

“En contrepartie de cette reconnaissance, la nomination de leur directeur et de leurs enseignants est soumise à agrément”, mais elles auront la possibilité de délivrer des certificats d’études et des diplômes à finalité professionnelle.

Le ministère rappelle que la loi “pour la liberté de choisir son avenir professionnel” prévoit que ces écoles, une fois reconnues, sont habilitées à percevoir une part de la taxe d’apprentissage et qu’elles peuvent passer des conventions “à caractère financier”, avec l’Etat, les collectivités territoriales et les entreprises.

Les rapports d’inspection joints au projet d’arrêté montrent que ces écoles s’adressent prioritairement à des jeunes en situation de décrochage, qu’elles les préparent à des CAP, et que certaines doivent accorder davantage de place à l’enseignement général.