Quelles sont les caractéristiques des meilleurs systèmes éducatifs de l’OCDE?

Andreas SchleicherCet entretien avec Andreas Schleicher, conseiller spécial du secrétaire général de l’OCDE pour l’éducation, a eu lieu lors du colloque international organisé au Sénat le 2 juin 2010 par la Fondation pour l’école sur le thème «  L’école, comment innover ? ».

Quelle est la performance du système éducatif français et quelles sont les caractéristiques structurelles des meilleurs systèmes éducatifs de l’OCDE ?

En matière d’éducation, la performance française avoisine la moyenne des pays développés, mais l’impact des facteurs sociaux sur cette performance tend à y être plus marqué que dans les autres pays de l’OCDE. Les meilleurs systèmes éducatifs présentent des disparités sensibles, mais partagent également des caractéristiques communes importantes. Ils ont cessé de se concentrer sur le contrôle des ressources et des programmes pour privilégier les résultats, et spécifient le niveau que doivent atteindre les élèves plutôt que ce que les écoles et les professeurs doivent enseigner pour en arriver là. Ils accordent également beaucoup d’attention à l’égalité entre les élèves, non pas en termes d’efforts mais plutôt de résultats, en privilégiant la diversité et la personnalisation de l’enseignement sur son uniformisation. Ils consacrent des moyens suffisants pour attirer les élèves les plus doués vers les classes les plus ambitieuses. En définitive, les bons systèmes éducatifs traitent souvent convenablement les quatre aspects suivants : ils attirent vers l’enseignement les meilleurs diplômés, considérant que la qualité de l’enseignement ne saurait excéder celle des professeurs ; ils forment efficacement ces professeurs à travers, par exemple, le recours au tutorat ou la formation intégrée des maîtres sur leur lieu de travail, (y compris sous la direction de directeurs d’école de haut niveau) ; ils mettent en place des systèmes de récompenses et de soutien particularisé pour garantir que chaque élève pourra bénéficier d’un tel enseignement ; enfin, ils construisent des réseaux d’écoles qui stimulent et diffusent l’innovation.

Quelles sont les tendances à l’œuvre dans l’OCDE ?

Nous observons dans les pays de l’OCDE une tendance de fond à une plus large délégation de responsabilité en direction des écoles. Ce mouvement s’accompagne d’efforts pour mettre en place des systèmes nationaux de normes, de financement et de soutien qui puissent garantir une distribution équitable de l’offre éducative. La plupart des établissements privés sont désormais financés en majorité par l’État, et, maintenant, pour de nombreux pays, le problème n’est plus de savoir combien il faut agréer d’établissements hors-contrat, mais de permettre à tous les établissements de bénéficier de la même autonomie que les établissements hors contrat.

Les systèmes fondés sur une forte liberté scolaire sont-ils plus  injustes socialement ?

Cela n’est pas vrai en général ; et même, en pratique, ce sont parfois les systèmes qui restreignent le plus le choix scolaire qui mènent aux injustices sociales les plus marquantes.

Entretien paru dans Les Chroniques de la Fondation, n° 3, juillet 2010.