Pour remplir cette mission, l’école publique doit donc être entièrement refondée. Pour ce faire, nous devons tirer les conséquences de trente ans d’impuissance : rompons avec l’utopie d’une réforme directe, hiérarchique et centralisée, de haut en bas, par décret ministériel. Tout le monde sait que le ministre ne dirige pas son ministère ; son administration – inspecteurs en tête – s’autogère en toute impunité. On ne pourra sauver l’école qu’en agissant au niveau des établissements, par une stratégie « bottom-up », s’appuyant sur le besoin de liberté des professeurs et la vitalité des familles.
Comment faire ?
Aux établissements publics volontaires, donnons la liberté, sans quitter le giron public, d’opter pour le type de gestion qui fait le succès des écoles libres, à l’instar des charter schools, qui connaissent un franc succès en Amérique et en Angleterre.
Aux établissements libres, accordons un financement à l’élève, par chèque-éducation, à la place d’un financement global alloué aux établissements. Tout enfant qui opte pour un établissement privé recevrait la somme d’argent qu’il fait économiser à l’école publique ; avec cette somme, il acquitterait les frais de scolarité de l’établissement dans lequel ses parents auraient choisi de l’inscrire.
Choisir son école ne serait plus le privilège d’une minorité mais le droit effectif de tout citoyen, riche ou pauvre. À celui qui se scandaliserait de nos propositions, je ne poserai qu’une question – publiquement : « Mais vous, où avez-vous scolarisé au juste vos propres enfants ? »
Editorial des Chroniques de la Fondation, mai 2012.