Solutions et état des lieux des conséquences du tsunami pornographique

François Billot de Lochner a récemment achevé un nouvel ouvrage décrivant l’impact de la pornographie sur les jeunes. De récents reportages ont montré que les écoles privées catholiques ne sont pas épargnées par des programmes à contenu pornographique. L’auteur présente ici Les parfums du château et donne quelques solutions aux familles et enfants en détresse.

Vous venez de publier Les parfums du château, un roman consacré au fléau de la pornographie et publié chez Terra Mare. Quel est votre but, et comment ce sujet s’est-il imposé à vous ?

Le tsunami pornographique qui a envahi notre monde tout entier est un drame épouvantable qui touche, par définition, des milliards d’individus. La plupart des livres que j’ai écrits en fait d’ailleurs état. Compte tenu de l’ampleur du désastre, il m’est apparu nécessaire d’écrire un livre consacré tout entier à ce sujet. Je n’ai pas voulu l’aborder sous la forme d’un énième essai sur ce thème, devant par définition être descriptif et donc glauque. Au contraire, j’ai voulu l’aborder « par le haut », en partant du beau, du bien et du vrai dont la mise en perspective permet, à n’en pas douter, de lutter contre le laid, le mal et le mensonge.

Dispose-t-on de données statistiques fiables sur la pornographie “consommée” par les mineurs ?  Les filles sont-elles moins touchées que les garçons? La France se distingue-t-elle des autres pays ?

Nous possédons une collection impressionnante de statistiques sur la « consommation » de la pornographie. Il est très facile de les retrouver sur Internet. Je ne donnerai que quelques chiffres, qui montrent à quel point les personnes sont touchées par ce fléau :

  • 80 à 90% de la population masculine comprise dans la tranche d’âge 15–95 ans regardent régulièrement des films pornographiques.
  • Chez les 15–25 ans, 80 % des jeunes gens et des jeunes filles regardent régulièrement de tels films. Sur ces 80 %, 20 % sont en situation d’addiction, ce qui signifie qu’ils regardent plus de cinq heures par jour les dits films. Parmi ces 20 %, presque 50% sont maintenant des jeunes filles, ce qui accentue évidemment l’ampleur du drame.
  • Si les statistiques sur ce sujet peuvent être contradictoires, il semblerait que 90 % des enfants de 10 ans aient déjà visionné un film pornographique, ce qui peut engendrer chez eux un traumatisme assimilable à un viol.
  • Le site Pornhub, premier site pornographique au monde, compte de l’ordre de 300 millions d’abonnés, visionnant chaque année de l’ordre de 100 milliards de vidéos pornographiques…

Y a-t-il des liens statistiques entre cette addiction et d’autres addictions ?

Il existe un lien direct entre l’addiction à la pornographie et les deux autres addictions majeures que sont la drogue et l’alcool. Notre cerveau primaire sécrète de la dopamine, substance chimique qui se développe en corrélation égale avec ces trois addictions. La pornographie ouvre dans notre cerveau ce que l’on appelle « un chemin de récompenses », en adéquation avec les autres addictions, et en change complètement l’équilibre, ce qui rend très difficile le traitement de l’addiction. Pour parler clairement, une personne « addict » à la pornographie risque de le rester toute sa vie, avec toutes les dégradations physiques, psychiques, morales et intellectuelles qui en découlent. Il s’agit bien d’un drame absolu.

A votre avis, les enfants des grands établissements scolaires prestigieux sont-ils davantage protégés de ce fléau ?

Hélas, pas du tout. Les dirigeants de tels établissements font primer le principe de la « liberté » sur celui de la morale, qui ne dépendrait que de chacun. Leur erreur est considérable : la pseudo liberté qu’ils accordent à leurs élèves consiste à permettre à ces derniers de dépraver autant qu’ils le veulent leurs camarades de classe, au moyen notamment de leur téléphone portable, véritable outil de destruction de la morale. Pour les élèves, la liberté est donc bafouée en même temps que la morale est détruite.

Que peut faire un établissement scolaire pour prévenir et dissuader ses élèves de recourir à la pornographie ? Et les parents ?

Les établissements scolaires publics sont soumis à la dictature pornographique du ministère de l’Education nationale, qui s’est donné pour objectif de dépraver toujours plus et toujours plus fort la jeunesse qui lui est confiée. À cet égard, la Fondation de Service politique, que j’ai l’honneur de présider, est en train d’enclencher une action en justice contre le Ministère, pour incitation à la débauche, et contre Madame Vallaud-Belkacem à titre personnel, au pénal, pour la même raison. Les établissements scolaires privés sous contrat, catholiques pour la plupart, se couchent généralement devant la dictature pornographique imposée par le ministère, comme le démontre de façon implacable une enquête récente de Réinformation TV. C’est parmi les établissements scolaires hors contrat que l’on trouve le plus de sérieux dans la prévention de ce fléau. Ils n’hésitent pas à interdire radicalement les portables ou à les faire déposer au secrétariat avant les cours. Ils informent les parents des risques et leur prodiguent des conseils pour protéger au mieux leurs enfants.
Du côté des familles, la reconstruction de la forteresse familiale protectrice est un impératif, ce qui implique que les parents parlent de ce sujet à temps et à contretemps avec leurs enfants. En leur disant clairement ce qu’est le bien et ce qu’est le mal. Que la morale n’est pas une option. En agissant donc à contre-courant de l’évolution libertaire actuelle, perverse par construction. Et en prenant soin de ne pas tomber eux-mêmes dans la déviance pornographique, qui les menace aussi.

Existe-t-il des spécialistes qui peuvent conseiller les éducateurs dont les enfants ont développé une véritable addiction?

Il existe effectivement des possibilités d’aide à la sortie de l’addiction pornographique. Par exemple, un parcours spécifique organisé par la communauté de l’Emmanuel. Cela dit, ce parcours met en jeu des moyens très importants, pour ne sauver que quelques personnes. À destination du plus grand nombre, les éducateurs peuvent et doivent prendre leurs responsabilités, en mettant en avant des argumentations simples et évidentes, qui ressortissent très clairement du bon sens. Il faut qu’ils sortent de leur peur d’aborder frontalement ce seisme mondial.

Que conclure sur votre roman?

Il existe de très nombreux livres montrant à l’envi que le corps n’est pas une machine consommable dans n’importe quelles conditions et par n’importe qui, mais est une création d’une beauté inouïe qui, évidemment, mérite le plus grand respect et la plus grande attention. Le roman que j’ai écrit, Les parfums du château, aborde le sujet de la pornographie sous cet angle. L’héroïne, admirable jeune fille très représentative d’un très grand nombre de jeunes filles actuelles, tant décriées et méprisées car elles ne sont pas dans le sens du vent, ne vit que pour faire rayonner la beauté du monde, et arrive à retourner complètement un ami improbable tombé dans les trois addictions majeures que sont la pornographie, la drogue et l’alcool. Mon livre est une ode vibrante à cette jeunesse d’exception, dont la pureté de l’âme, du cœur, de l’intelligence et du corps rayonne efficacement dans notre Cité pornographiée, et qui lutte avec courage contre le tsunami pornographique qui emporte tout sur son passage. Les témoignages magnifiques que je reçois depuis que mon livre a été publié me permettent de penser que mon objectif est atteint.

Référence de l’ouvrage : Les parfums du château , janvier 2017, éditions Terra Mare, 15 €