(Sondage) Les français attendent beaucoup de l’école et la jugent à la traîne

Le traditionnel sondage annuel “Jeunesse et Confiance” montre un rapport des français à l’école dégradé.

Ainsi :

  • 43 % des Français n’ont pas confiance dans le système éducatif,
  • 7 Français sur 10 pensent que l’école ne permet pas aux enfants handicapés d’avoir les mêmes possibilités d’éducation,
  • seuls 32 % des Français pensent que l’Education nationale prépare bien les élèves à être les citoyens demain,
  •  63 % des Français estiment que l’école évolue moins vite que les transformations de la société.

Par ailleurs, l’attente d’une école renouvelée est forte : 87 % se déclarent par exemple favorables à ce que l’école s’inspire des neurosciences.

Pour lire le sondage dans son ensemble et ses conclusions, c’est ICI.
Pour une analyse sur le sujet de l’éducation, nous vous proposons de lire ci-dessous le papier réalisée par Amandine Hirou pour l’Express. 


“L’école ne prépare pas assez les citoyens de demain”

Un sondage dont L’Express publie en avant-première les résultats souligne la déconnexion de l’école avec le monde extérieur.

Par Amandine Hirou, paru dans l’Express le 5 décembre 2018

43 % des Français n’ont pas confiance dans le système éducatif. Plus du tiers des adhérents de la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN) – essentiellement des enseignants – expriment également leur défiance… Voici quelques-uns des chiffres tirés d’une enquête, menée par l’institut de sondage OpinionWay pour la MGEN, sur “les Français et le système éducatif”*.

Les résultats seront rendus publics dans la soirée de ce mercredi 5 décembre à l’occasion d’un débat organisé par l’organisme mutualiste, mais L’Express vous livre en exclusivité les principaux enseignements. Sans grande surprise, pour la moitié des Français, l’école ne permet pas de réduire les inégalités entre catégories sociales. Pour 7 Français sur 10, elle ne permet pas non plus aux enfants handicapés d’avoir les mêmes possibilités d’éducation. Enfin, les relations entre les parents et l’école sont perçues comme pouvant être conflictuelles pour 6 Français sur 10.

Constat plus étonnant, et peu exploré jusqu’ici, le système éducatif aurait tendance à se replier sur lui-même. C’est ce qu’explique Nadia Auzanneau, directrice du département Marketing santé, nutrition, bien être chez OpinionWay.

L’EXPRESS. Une bonne partie des Français interrogés dans cette étude évoquent une déconnexion entre l’école et le monde extérieur. Comment cela se traduit-il ? 

Nadia Auzanneau : En effet, seuls 32 % des Français et 47 % des adhérents MGEN déclarent être d’accord avec le fait que l’Education nationale prépare bien les élèves à être des citoyens de demain. A l’heure où l’on parle beaucoup d’éducation au développement durable, par exemple, ce champ reste très peu exploré par l’école (avec seulement 33 % seulement de citations dans le panel des Français, contre 48 % chez les adhérents MGEN, elle arrive en bas du tableau).Si l’école permet d’acquérir des connaissances culturelles, elle ne valorise pas assez l’expression en public, la créativité, la responsabilisation, ou encore l’esprit d’entreprise. Sur un phénomène émergent comme celui des fake news, elle ne semble pas non plus suffisamment armée pour aider les élèves à détecter une fausse information (seuls 33 % des Français et 31 % des adhérents MGEN estiment qu’elle remplit ce rôle).

L’EXPRESS. Les grands enjeux sociétaux ne semblent pas non plus suffisamment présents. De quels enjeux parle-t-on ? 

Nadia Auzanneau :Là encore, 63 % des Français estiment que l’école évolue moins vite que les transformations de la société. Les grands enjeux du monde contemporain ne sont pas assez étudiés (même pour 66 % des adhérents MGEN), notamment le thème de l’Europe (cité par seulement 43 % des Français et 39 % des adhérents MGEN), la santé et la protection sociale, les migrations de population liées aux crises politiques, économiques, géopolitiques ou environnementales, ou encore la connaissance des religions. D’où cette impression de cloisonnement entre les fondamentaux de l’enseignement d’un côté, et la société de l’autre. Le lien entre les deux ne se fait pas forcément.

L’EXPRESS. En revanche, l’étude met en avant un véritable intérêt des Français pour les nouvelles pratiques pédagogiques… Comment l’expliquez-vous ?

Nadia Auzanneau :En ce qui concerne les neurosciences, les chiffres sont assez éloquents puisque 87 % se déclarent favorables à ce que l’école s’en inspire. On note également un véritable intérêt pour les nouvelles technologies (ordinateurs portables ou fixes, mais aussi tablettes dans les établissements scolaires, tableaux blancs numériques actifs…). Selon les Français interrogés, les nouvelles méthodes d’apprentissage qui y sont liées (cours à distance via internet, applications pédagogiques et ludiques, classes virtuelles…) pourraient bien révolutionner le système éducatif. Sans doute parce que beaucoup de ces nouveaux outils sont déjà utilisés en dehors de l’école. Il est plus facile de valider des technologies que l’on connaît et que l’on a déjà expérimentées soi-même au quotidien.

* Une enquête réalisée via un questionnaire en ligne, entre le 30 octobre et le 14 novembre 2018, auprès d’un échantillon de 1 000 Français âgés de 15 ans et plus, et de 750 adhérents MGEN.