TRUMP et CLINTON : des visions antagonistes sur la réforme du système éducatif ?

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Il est peu probable que les deux candidats à la Maison Blanche se déchirent au sujet de l’éducation, sujet jusqu’à présent marginal dans la campagne, car aux Etats-Unis règne un relatif consensus sur cette question, qui fait la part belle au libre choix de l’école. Alors qu’en France, le libre choix de l’école a été porté par les milieux alternatifs de gauche, les libéraux de type Madelin, Jean-Marie Le Pen jadis ou plus récemment Jacques Attali ou Jean-François Copé, cette idée est perçue aux Etats-Unis comme un acquis social à développer par les Démocrates comme les Républicains, malgré l’hostilité ouverte des syndicats.

Pour le Républicain comme pour la Démocrate, les charter schools (ces écoles publiques indépendantes aconfessionnelles gratuites et entièrement financées par l’Etat) sont précieuses et doivent être encore développées. Si Hillary Clinton est plus réservée sur le chèque-éducation (voucher) car, selon elle, il sépare les catégories d’enfants en maintenant d’un côté ceux qui sont dans les écoles publiques et de l’autre ceux qui accèdent, avec ou sans voucher, aux écoles privées, elle ne menace pas pour autant de pousser les 14 Etats américains qui y recourent à les supprimer.

Le désaccord porte sur la place que doit jouer l’Etat fédéral. Pour Clinton, il doit garder un contrôle important de ce qui se passe dans les Etats, notamment en imposant le Common Core, même si ce n’est pas la panacée selon la candidate démocrate, tandis que Trump veut donner un maximum de liberté au niveau local et s’oppose au Common Core. Le Common Core, instauré par Barack Obama en 2010, est une sorte de programme minimal à respecter, fixé par Washington et adopté par 42 Etats à ce jour. L’un des objectifs de l’institution du Common Core était d’obtenir un relèvement général du niveau des écoles publiques, grâce à une mise en place de standards plus stricts d’évaluation des élèves pouvant s’appuyer notamment sur ce socle commun de connaissances.

De manière assez attendue, Mme Clinton affiche un soutien aux syndicats enseignants (tout en étant en faveur des charter schools pourtant combattues par les syndicats) tandis que le candidat républicain arbore une méfiance de principe à l’égard des technocrates et donc de l’administration gérant le système éducatif américain.

S’agissant de l’éducation supérieure, la sollicitude des candidats porte surtout sur le niveau très élevé des scolarités universitaires et les endettements de longue durée qui en découlent. Tandis que Trump semble plutôt pencher vers des modalités de financement par des banques privées de ces frais de scolarité, indexées sur les futures capacités contributives de l’étudiant, Clinton propose la gratuité des frais pour les étudiants les moins fortunés. Cela nécessiterait le déploiement d’un plan de 500 milliards de dollars, ce qui imposerait d’augmenter fortement les impôts sur les hauts revenus pour alléger l’endettement des familles gagnant moins de 125 000 dollars par an.

Une chose est sûre : la liberté d’enseignement n’est tout simplement pas l’objet d’un débat aux Etats-Unis. La réflexion porte sur les moyens de financement du système éducatif, quel qu’il soit. Le développement de l’enseignement privé est vu comme l’une des voies toutes tracées pour alléger la charge de l’Etat en matière éducative et garantir une amélioration des performances, pour un pays toujours bien mal loti par le classement PISA.

Quelques chiffres :

Les Etats-Unis comptent 49,52 millions d’élèves dans le public, donc 94%, et 2,8 millions d’élèves dans le privé. 77% des écoles américaines ont un financement public. Cela comprend à la fois les écoles publiques classiques et les 4.480 charter schools, écoles à financement public mais autonomes dans leur gestion.

Les school vouchers, ou chèques scolaires, sont actuellement utilisés dans 14 Etats :
Washington D.C., Wisconsin, Vermont, Utah, Oklahoma, Ohio, Caroline du Nord, Mississippi, Maine, Louisiane, Indiana, Géorgie, Floride et Arkansas.
Il s’agit d’Etats appartenant majoritairement au Midwest et au Sud, à 80 % de couleur républicaine.
Les chèques scolaires sont accordés généralement de manière privilégiée à des élèves aux besoins et handicaps spécifiques, mais pas seulement.

Les charter schools, écoles indépendantes libres de leurs méthodes pédagogiques et de leur programme, mais touchant des financements publics sont actuellement au nombre de 6 800, installées dans 42 Etats et à Washington D.C. Elles accueillent environ 3 millions d’élèves. Elles existent depuis 1991, et sont l’objet d’une forte demande, avec souvent de longues listes d’attente.

Pour aller plus loin :

Editorial Projects in Education Research Center. (2011, May 25). Issues A-Z: Charter Schools. Education Week. Retrieved Month Day, Year from http://www.edweek.org/ew/issues/charter-schools/.