Cette pétition est intéressante en ce qu’elle prend acte de l’existence d’une opposition durable entre les familles attachées aux pédagogies traditionnelles et celles qui souhaitent des pédagogies alternatives inspirées de Freiner, Decroly, Montessori, Steiner…. En effet, selon ses rédacteurs, « une part croissante de la population aspire à un autre modèle pour l’éducation de ses enfants, alors qu’une autre part préfère conserver un modèle plus classique. » Il serait urgent de dissocier ces deux approches car l’hésitation de l’Éducation nationale entre ces deux tendances serait en grande partie la source de ses difficultés.
Autre élément intéressant : la demande de diversification de l’offre scolaire en restant dans le giron de l’Éducation nationale. Des réseaux d’écoles à pédagogie spécifique se développeraient au sein de l’Education nationale pour donner un choix aux professeurs et aux familles.
En revanche, ce texte nous semble inabouti en ce sens qu’il ne décrit pas l’écosystème d’ensemble qu’une telle réforme produirait :
- La suppression de la carte scolaire est le corollaire indissociable d’une telle réforme ;
- Il serait nécessaire de mettre en place un recrutement des professeurs sur profil par les directeurs au sein du vivier des professeurs de l’Éducation nationale, en lieu et place de l’actuelle affectation automatisée des ressources humaines.
Mais, au regard du caractère centralisé de la gestion de l’Éducation nationale, de la « sacralisation » de la carte scolaire obligatoire par le gouvernement actuel et de l’exigence d’uniformité pédagogique de l’offre scolaire portée par les syndicats d’enseignement et mise en œuvre par les IUFM devenus ESPE, on voit mal comment une telle réforme de bon sens aurait des chances d’être mise en œuvre si l’on reste dans le cadre de l’Éducation nationale.
C’est pour cela qu’il semble plus réaliste de demander la mise en place d’un système de charter schools (des écoles publiques libres de leur pédagogie et de leur management mais comptables de leurs résultats), ou de financement public du libre choix (que ce soit par un chèque-éducation, un crédit d’impôt ou une nouvelle forme de contrat qui respecterait davantage la liberté pédagogique des professeurs et la liberté de choix des familles).
Au delà des considérations purement pédagogiques, ces mécanismes plus réalistes pourraient également constituer de véritables outils favorisant la mise en place d’établissements adaptés à des publics spécifiques (enfants malades, enfants dys, hauts potentiels, quartiers défavorisés, etc.).
Lionel Devic, président de la Fondation pour l’école